Gariel. M-P, Avis, Conseil économique, social et environnemental, Paris, mars 2021, 106 p.
Ce rapport affirme dès les premières lignes, que «la crise sanitaire liée à la Covid 19 et les confinements, ont montré la place importante que peut prendre le numérique pour assurer une forme de continuité pédagogique». Ils ont mis en évidence aussi «les inégalités d’accès au réseau Internet et aux équipements des élèves, des familles, des enseignantes et des enseignants, renforçant de fait les inégalités d’apprentissage».
Ces inégalités ne sont pas uniquement d’ordre technique. Elles renvoient aussi «aux fractures sociales et territoriales globales, qui constituent autant de freins à l’utilisation du numérique éducatif».
La crise du Covid a révélé par ailleurs, le déficit de formation, de culture et de compétences numériques de certains enseignants, tout comme «l’appropriation disparate des outils et contenus numériques par certains élèves et leur familles, bien souvent en lien avec leur appartenance sociale».
Ces difficultés interrogent les politiques publiques, et les interpellent quant à l’utilisation des outils et contenus numériques, dans le cadre du fonctionnement quotidien de l’école ou au service des pratiques pédagogiques.
En effet, «l’outillage en culture et compétences numériques, qui relève des missions de l’école, participe de l’émancipation comme capacité d’agir et d’évoluer dans son environnement socio-économique et familial, l’exercice de la citoyenneté et l’insertion professionnelle de chacun et chacune dans une société où le numérique est omniprésent».
Il est vrai que le numérique a, depuis plusieurs années, impulsé des changements au sein du système éducatif dans des domaines aussi différents que la gestion administrative, la vie scolaire ou l’orientation, mais il n’est pas moins vrai qu’il a laissé à la traîne le niveau pédagogie et des apprentissages.
C’est que les outils numériques et leurs contenus ont profondément renouvelé les manières de produire, de consommer et de vendre, mais aussi les façons d’apprendre, de communiquer, de se cultiver et de se divertir. Ils sont omniprésents dans la société y compris dans la sphère publique.
«Ils accompagnent de nombreuses activités personnelles, familiales, économiques, sociales, culturelles, citoyennes ou associatives, structurent de plus en plus les sphères privées comme professionnelles ou académiques, et occupent une place conséquente à toutes les étapes d’une vie (enfance, adolescence et vie adulte) même si leur appropriation diffère selon l’âge».
C’est la raison pour laquelle, l’on constate le recours massif à «une multiplicité d’outils numériques aussi bien en termes d’équipements informatiques (ordinateurs, tablettes, smartphone, tableau numérique interactif, vidéoprojecteur…etc.), d’applications numériques (messageries, espace numérique de travail, réseaux sociaux numériques, outils de gestion de la vie scolaire, visioconférence…etc.) de ressources documentaires et pédagogiques en ligne, de recours à l’Internet… etc.».
Ce foisonnement est certainement nécessaire pour que chacun y trouve les outils et contenus numériques dont il a spécifiquement besoin, mais «il faut mieux l’organiser pour parer le risque que cette accumulation n’aboutisse à la formation d’un véritable maquis sans véritable réflexion sur les usages du numérique et les objectifs poursuivis dans leur utilisation».
C’est pour cela que la pérennité des outils numériques doit être questionnée au regard de la rapidité des évolutions technologiques et de leur obsolescence. De même garantir leur maintenance et leur sécurité informatiques doit être une priorité, afin de ne pas mettre en difficulté la communauté éducative.
Par ailleurs, si la crise sanitaire et les confinements ont exacerbé les difficultés rencontrées dans l’utilisation des outils numériques, ils se sont aussi révélés comme une formidable opportunité pour le développement du numérique éducatif public, et ce quoi que les élèves et les familles ne disposent pas tous des compétences nécessaires permettant de s’approprier les outils et de bénéficier des apports des contenus numériques.
En même temps, dans une société où le numérique est devenu omniprésent, l’éducation au numérique est un enjeu majeur pour tous et toutes quel que soit l’âge. En effet, «si l'équipement et la connexion à Internet sont des conditions indispensables pour bénéficier d’un accès au numérique, et par exemple aux documents scolaires échangés par internet, ce n’est pas le seul critère pour répondre à la question de l’accessibilité».
Dans ce contexte, l'éducation aux médias et à l'information doit permettre aux enfants, aux jeunes, aux adultes et aux personnes âgées d'acquérir, sans pour autant devenir des professionnels, des connaissances et des compétences leur permettant de s'informer, d'émettre, de diffuser, d'analyser et de partager des informations de façon responsable.
C’est que si le numérique éducatif offre de nouvelles possibilités pour apprendre et enseigner, il peut aussi ouvrir des perspectives pour des apprentissages plus interactifs, plus inclusifs et engageants pour les élèves.