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«L’impact des nouveaux médias sur la jeunesse»

Assouline. D, Rapport, Sénat, Paris, octobre 2009, 138 p.

1- Les nouveaux médias font gloser à la fois les milieux intellectuels et politiques, et le grand public qui s’en est rapidement emparé. «Tantôt objets de haine ou d’opprobre publique, tantôt symboles d’un avenir radieux et révolutionnaire, internet, les téléphones portables et les jeux vidéo ne sont donc pas des outils qui laissent indifférents».

Mais, c’est surtout la question des relations que la jeunesse entretient avec ces médias qui inquiète ou qui réjouit : les nouveaux médias exposent-ils les jeunes à des dangers majeurs tels que la perte de repères, la dépendance cybernétique ou la dissolution du sens critique? Ou la révolution numérique va-t-elle rendre radieux l’avenir desdits jeunes en facilitant leur apprentissage et en favorisant la démocratie à travers le droit donné à chacun de s’exprimer sur la toile ?

Une certitude s'impose: «c'est que le développement des nouvelles formes de communication est inévitable car spontané et incontrôlable, et la conviction qu’il fallait par conséquent dépassionner le débat, écarter toute interprétation manichéenne des nouvelles technologies, et déterminer avec sérénité les atouts des nouveaux médias pour notre jeunesse, les risques qu’ils comportent et les solutions qui peuvent dès maintenant être imaginées pour écarter les menaces les plus inquiétantes».

Le fil rouge de ce rapport est le questionnement permanent entre les risques et les opportunités qu’entraînent les nouveaux médias.

La conviction dudit rapport est qu’il faudra «composer avec les nouveaux médias, dont les usages se croisent et s’entrecroisent, au risque de créer des fractures entre les corps politiques et la société et entre la génération de l’écrit et celle du numérique».

Il faudrait ensuite faire le bilan des apports positifs des nouveaux médias. «Outils de socialisation, catalyseurs de compétence, diffuseurs de culture, sources de créativité, supports pédagogiques efficaces, autant de vertus qu’on peut leur accorder et qui sont à l’origine de leur succès. Ces effets positifs sont fragiles et susceptibles d’être remis en cause selon les modes d’utilisation des médias. Le rôle des nouveaux médias est donc ambivalent».

Alors que les jeunes jouissent d’une réelle liberté grâce à leur maîtrise des nouvelles technologies, l’absence frappante de la famille et de l’école les laisse abandonnés, sans repères, dans un monde multimédiatique omniprésent. A cet égard, «les autorités ont un rôle d’émancipation à jouer afin de libérer les jeunes en leur donnant un regard critique et distancié sur leurs pratiques».

En même temps, les évolutions techniques qui permettent une avancée dans le domaine de la protection de l’enfance et leurs limites, imposent de réfléchir à des solutions alternatives. «La voie qui parait la moins explorée mais recelant pourtant le plus de potentialités, est celle de l’éducation aux médias et la responsabilisation des jeunes et des parents».

2- Internet constitue, de nos jours, une révolution à la fois technologique et médiatique dans la mesure où il rassemble sur un même support tous les médias traditionnels. Ce faisant, internet concurrence l’ensemble des médias en rendant les informations accessibles rapidement, gratuitement et sans intermédiaire (vendeur, distributeur…). Spécificité majeure en outre, ses usagers interagissent avec les contenus diffusés, voire produisent directement de l’information.

La jeunesse se situe au coeur de cette révolution. En effet, «non seulement les jeunes n’ont pas échappé au bouleversement numérique, mais ils en sont même les fers de lance : ils sont les principaux utilisateurs des nouvelles technologies (près d’un tiers des internautes sont des jeunes âgés de 16 à 24 ans, alors qu’ils ne représentent que 13% de la population), ont tendance à les utiliser de manière combinée (67,5% des 11-20 ans déclarent utiliser régulièrement plusieurs médias en même temps), et ils ont créé des usages originaux, à tel point que leurs pratiques médiatiques contribuent de manière essentielle à la définition d’une culture jeune».

Lorsque l’on parle des jeunes et des nouveaux médias, il ne faut pas s’imaginer qu’il s’agit d’un phénomène marginal sur lequel il peut éventuellement être intéressant de se pencher. «L’usage des nouvelles technologies de communication est si développé qu’il s’agit d’un enjeu de société primordial».

Les éléments chiffrés suivants permettent d’avoir une meilleure idée de l’immersion des jeunes dans la culture numérique : «95% des 12-17 ans sont internautes et 68% d’entre eux déclarent se connecter tous les jours ou presque à internet. Ils surfent en moyenne 12 heures par semaine, 95% des jeunes européens de 12 à 18 ans ont leur propre téléphone mobile (TNS media intelligence), 78% des garçons et 52% des filles disent pratiquer les jeux vidéo sur console ou ordinateur, et 85% d’entre eux jouent sur leur téléphone».

Le fait que l’usage d’internet soit devenu une activité primordiale dans la vie des jeunes constitue une petite révolution sociologique, mais ce qui surprend le plus, «ce n’est pas tant l’utilisation massive des nouveaux médias, que leur omniprésence dans l’ensemble des activités des adolescents, du fait de la miniaturisation, de la personnalisation des récepteurs, et surtout des possibilités de combiner très aisément leurs usages».

Rubrique « Lu Pour Vous »

21 juin 2012

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