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«Pourquoi l’avenir de l’Europe se joue en Ukraine ?»

Perrin. C et al., Rapport, Sénat, Paris, janvier 2024, 160 p.

Dans une introduction concise à ce rapport, l’on lit : «le choix délibéré de la Russie d’attaquer l’Ukraine le 24 février 2022, a constitué une décision dont les conséquences de long terme ne pouvaient être ignorées par ses initiateurs. Cette agression a mis un terme brutal au rapprochement économique qui était à l’œuvre depuis plusieurs décennies entre la Russie et les pays occidentaux».

Et de continuer : «dès lors, le conflit se poursuivant et s’aggravant, il n’y aura pas de retour au statu quo ante. Il est donc essentiel de mettre un terme définitif à la dépendance de certains pays européens à l’égard des ressources énergétiques russes, qui constitue un outil de pression sur les démocraties d’Europe de l’Ouest et de penser l’avenir du continent non pas sans la Russie, mais indépendamment de la Russie et de ses prétentions impérialistes».

Pourtant, note le rapport, «l’agression de l’Ukraine a constitué un puissant facteur d’unité des pays membres de l’Union européenne à une ou deux exceptions près. L’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN a mis un terme à des situations héritées de la Guerre froide devenues obsolètes, tout en permettant de renforcer la défense de l’Europe sur son flanc nord».

Et d’ajouter : «si les pays d’Europe de l’Est entendent poursuivre leur effort de défense, c’est avant tout parce qu’ils n’ont aucune confiance dans la Russie de Vladimir Poutine et dans la valeur des engagements qu’il pourrait prendre à l’occasion d’éventuelles négociations de paix. Ils estiment que la cessation des hostilités ne servirait qu’à permettre à la Russie de reconstituer ses forces, afin de repartir à l’assaut de ses voisins occidentaux, à commencer par les Pays baltes et la Pologne».

Par ailleurs, face aux incertitudes concernant le soutien des États-Unis à l’Ukraine dans le contexte de l’élection présidentielle à venir, «de nombreux responsables politiques polonais et ukrainiens plaident pour un renforcement du soutien européen à l’Ukraine et une meilleure coordination».

Ainsi, «si les nouvelles autorités polonaises soutiennent le principe de l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, cette perspective n’est pas sans susciter des craintes importantes dans l’opinion publique, et plus particulièrement dans le secteur agricole, qui redoute une concurrence déloyale concernant plusieurs productions (maïs, céréales, viande, sucre…etc.). L’intégration de l’Ukraine dans la politique agricole commune constitue un véritable sujet en Pologne, où l’on s’interroge sur la structure même du secteur agricole ukrainien composé d’un nombre réduit de très grandes propriétés pratiquant des méthodes intensives».

Dans le même temps, et alors que la contre-offensive ukrainienne n’a pas donné les résultats escomptés, «des débats ont lieu sur la suite du conflit et la possibilité pour l’Ukraine de récupérer ses territoires occupés…L’Ukraine est en droit d’attendre des garanties de sécurité à l’endroit de son puissant voisin et l’adhésion à l’Union européenne constitue le seul projet porteur de suffisamment d’espoir pour maintenir mobilisées ses forces vives». Les garanties de sécurité seront ainsi, aux yeux de ce rapport, un élément central, le moment venu, d’une négociation avec son agresseur qui promet d’être difficile.

Car, «en l’absence de percée décisive, le conflit est devenu une guerre d’attrition dans laquelle deux armées s’opposent maintenant avec des atouts et des faiblesses opposées. La Russie possède la masse de soldats qu’elle déverse chaque mois sans égards (30.000 soldats arrivent chaque mois sur le front pour remplacer jusqu’à mille pertes certains jours). L’artillerie russe continue à pilonner sans relâche et sans grande précision, les lignes ukrainiennes tandis qu’après avoir quasiment cessé à l’automne, les attaques menées avec des centaines de missiles et de drones ont repris fin décembre sur toute l’Ukraine».

Et le rapport de conclure : «la question qui est posée aujourd’hui à la société ukrainienne, tient au sens du combat et du sacrifice exigé pour préserver un modèle de société qui s’est rapproché de celui des autres Européens. Les Ukrainiens ont majoritairement fait un choix difficile depuis 2014, consistant à rompre avec la Russie pour échapper à son pouvoir autoritaire et à ses revendications impérialistes. Ce choix est sans retour et il doit pouvoir se traduire, à terme, par une intégration au reste de l’Europe».

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