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«Survivre aux crises»

«Survivre aux crises»

Jacques Attali, Ed. Fayard, 2009, 200 p.

1- Cet ouvrage de l’ancien conseiller de François Mitterrand est un essai sur la crise économique. Celle-ci étant à présent bien présente, Attali nous annonce sans surprise «la venue d’autres soubresauts». Il rappelle sa solution immuable à ces crises : «l’avancée de la mondialisation, la constitution d’une conscience humaine». Il y voit des solutions politiques et globales.

L’auteur dresse un état des lieux sans concession de la situation de crises multiformes auxquelles les pays sont confrontés. L’approche est lucide et porte sur le comportement des différents acteurs en jeu.

Le constat est celui de «la mise en cause des rares instruments de gouvernance globale que ce soient les accords sur le commerce mondial ou la prolifération des armes nucléaires et de l’incapacité à progresser aussi efficacement qu’il le faudrait sur le climat, la lutte contre la pauvreté ou la régulation financière».

Le déni de réalité, dit-il, «laisse penser à tort à nombre de nations, d’entreprises, de particuliers parmi les mieux protégés qu’ils peuvent traverser les crises sans changer leurs modèles d’organisation. La faillite des élites semble particulièrement patente à cet égard avec des gens qui ne pensent qu’à jouir de leur présent sans se soucier de l’avenir. Le cynisme et la désinvolture des financiers paraissent sans limites. L’état de faiblesse enfin d’un Occident n’arrivant plus à compenser l’épuisement de ses ressources intérieures par une fuite en avant à travers l’endettement».

Dans une société où la prégnance du risque est une réalité incontournable et où le nombre des calamités potentielles (crises économiques, énergétiques, écologiques, de la santé et de l’éducation, pandémique, politiques et militaires) qui se profilent est affolant, l’enjeu n’est peut-être, pense-t-il, que celui de la survie.

Il considère que «le temps semble être définitivement plus à l’adaptation qu’à la résorption ou l’endiguement. Cela se vérifie notamment en matière climatique, alimentaire, sanitaire…face à des problématiques qui appellent des réponses collectives, face à des risques qui supposent plus que jamais de privilégier la mutualisation des moyens».

2- L’intérêt de ce livre ne s’arrête certainement pas à la crise économique actuelle. L’auteur nous y apporte sa vision de l’ensemble des crises graves qui pourraient toucher l’humanité dans les années à venir, ainsi que les solutions pour y faire face.

L’ouvrage est un avertissement. Car, pour l’auteur, la crise économique n’est pas terminée. Et même si elle devait s’éloigner, «il faudrait s’attendre à une rechute rapide…les causes du problème (étant) loin d’être réglées, puisque l’Occident reste incapable de maintenir son niveau de vie sans s’endetter».

L’effondrement de ce niveau de vie est inéluctable, car «il est financé depuis plus de 30 ans, par des emprunts transférés des ménages aux banques, puis des banques aux Etats, sans qu’aucune régulation internationale ne vienne maîtriser le processus. Les Etats occidentaux sont endettés au delà du raisonnable et continuent à accumuler les créances pour gérer la sortie de la crise bancaire».

Yahya El Yahyaoui

Rabat, 20 Janvier 2011

 

 

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