«La gouvernance de la culture scientifique, technique et industrielle»
Blandin. M. C, Magner. J. B, Rapport, Paris, Février 2013, 43 p.
C’est un vaste champ que la culture scientifique, technique et industrielle, la CSTI, condition d’une société informée et participative, qui va «jusqu’à la formation initiale et continue des enseignants, jusqu’au journalisme scientifique et aux types d’aides à la presse, ou bien à la communication des institutions de recherche et à la création de vocations scientifiques», note d’emblée le rapport.
Une stratégie nationale et locale cohérente de diffusion de la culture scientifique est un enjeu démocratique fondamental : «nos concitoyens, et au premier chef nos jeunes, doivent détenir les clés de compréhension des débats scientifiques».
Les mathématiques, la technologie et les sciences expérimentales font partie intégrante de la culture, dès lors «qu’elles permettent à nos concitoyens de mieux appréhender leur environnement quotidien et de participer aux grands choix technologiques et scientifiques qui leur incombent».
La culture scientifique est également «un rempart indispensable contre toute forme d’obscurantisme. Elle est un moteur de l’émancipation de notre jeunesse, par la confrontation au raisonnement scientifique, au débat contradictoire et au jugement critique. Elle repose en grande partie sur la médiation éducative non formelle des associations d’éducation populaire qui donnent à nos enfants les clés de la compréhension des grands enjeux scientifiques et techniques de notre monde : le gaz de schiste, les organismes génétiquement modifiés, le réchauffement climatique…etc.».
Et le rapport de considérer que l’on est, face à cette problématique, sur un sujet qui est à l’articulation d’au moins quatre politiques :
- la politique d’éducation : au sein du dispositif scolaire, la place des sciences et des techniques est considérable,
- la politique scientifique et de recherche qui vise à développer les connaissances dans tous les domaines,
- la politique culturelle et la politique de la jeunesse.
Mais le caractère transversal de la problématique de la CSTI pose naturellement des difficultés, note le rapport. «Pléthore d’acteurs y participent peu ou prou à des degrés et avec des moyens divers. Il est par conséquent complexe de disposer d’une vision d’ensemble de la totalité des initiatives mises en œuvre et de définir une action cohérente, compte tenu de la dispersion des catégories d’acteurs».
C’est que la CSTI est un champ très riche, vivant et diversifié. «Les catégories d’acteurs sont extrêmement contrastées, à la fois par les publics visés et par leurs différents statuts. Il y a encore deux ans, on se trouvait dans un contexte caractérisé par une très grande richesse d’acteurs, mais en même temps par une très grande dispersion des initiatives.
Il faut compter dans ce tableau les acteurs nationaux, les universités, les organismes de recherche, les associations d’éducation populaire à la fois nationales et réparties sur l’ensemble du territoire, les muséums, les musées techniques, les jardins botaniques, les CCSTI».
En même temps, et dans le cadre d’une réflexion sur l’évolution de la gouvernance de la culture scientifique, technique et industrielle, un certain nombre d’éléments d’analyse méritent d’être approfondis:
- la nécessité «d’une coordination territoriale de toutes les catégories d’acteurs amenés à intervenir en matière de culture scientifique, technique et industrielle sous la forme de plateformes territoriales souples. Les régions doivent assurer cette coordination en collaboration avec les représentants de l’Etat et les autres niveaux de collectivités territoriales»,
- la nécessité «d’une structuration de réseaux thématiques nationaux par grandes catégories d’acteurs (réseau des muséums, réseau des musées techniques, réseau des planétariums...)»,
- la nécessité «d’un lieu de travail collectif regroupant les différentes catégories d’acteurs pour mutualiser des sujets d’intérêt commun : les contenus scientifiques et techniques des actions de médiation conduites, les outils, traditionnels et nouveaux, de la médiation, la professionnalisation et la formation des intervenants»,
- la nécessité «d’une politique de communication organisée et harmonieuse passant notamment par la création d’un portail national de la culture scientifique, technique et industrielle, comportant des entrées thématiques, géographiques et institutionnelles et renvoyant aux différents sites des institutions concernées»,
- la nécessité «d’un travail organisé systématique entre actions dans le cadre scolaire et action périscolaire pour ce qui concerne les publics jeunes scolarisés depuis l’école primaire jusqu’à l’enseignement supérieur»,
- la nécessité «d’un travail de réflexion académique sur les fondements de la culture scientifique, technique et industrielle : l’histoire des sciences, l’histoire des techniques, les relations entre science, technique et société, l’épistémologie, l’éthique et la philosophie des sciences»,
- et la nécessité «d’un lieu de réflexion collective en capacité d’avoir une approche globale, un suivi et une évaluation de la diversité et du foisonnement des initiatives de terrain».
Yahya El Yahyaoui
Rabat, 15 Août 2013