Gilles Kippel, Ed. Plon, Paris, 2024, 102 p.
Situant le contexte général de son ouvrage, l’auteur dit ceci : « les événements du samedi 7 octobre 2023 et leurs suites, la sanguinaire razzia pogromiste du Hamas dans l’État juif, puis l’hécatombe des Palestiniens de Gaza tués par l’offensive israélienne, constituent le drame paroxystique du premier quart du XXIe siècle. Ce troisième millénaire de l’ère chrétienne avait pourtant été inauguré, le 11 septembre 2001, par une double razzia bénie contre New York et Washington, comme la nomma son commanditaire, le Saoudien Oussama ben Laden, s’adressant le 7 octobre 2001 à la chaîne Al Jazeera depuis une grotte afghane ».
Il continue : « deux décennies plus tard, la nouvelle razzia, opérée par un mouvement islamiste d’ancrage palestinien et lié à l’axe de la résistance iranien chiite, a non seulement infligé à l’État hébreu le choc militaire et existentiel le plus grave depuis la proclamation de son existence en 1948, mais aussi profondément fracturé de l’intérieur l’hégémonie de l’Occident avec une ampleur inédite ».
Israël, réduit à la somme de ses péchés, symbolise le Nord, dit l’auteur, alors que Gaza « devient l’expression contemporaine d’un génocide infligé au Sud par le Nord. L’hécatombe, bien réelle, que subit le territoire palestinien sous des bombardements ayant causé des dizaines de milliers de morts et de blessés, le déplacement forcé des populations d’un bout à l’autre de l’enclave, la famine qui s’y répand avec l’interruption de l’aide humanitaire, se voient symboliquement interprétés comme l’aboutissement de la colonisation européenne, de la traite négrière et de l’esclavage ». Dans ce métarécit, affirme l’auteur, « la razzia perpétrée par le Hamas est opportunément éludée ».
À la fin de l’automne 2023, à la suite des bombardements de Gaza en représailles au 7 Octobre, Israël, désormais qualifié de génocidaire par ses adversaires, se voit disqualifié dans les arènes internationales par ce terme même qui avait présidé, trois quarts de siècle auparavant, à sa création par l’ONU : l’holocauste.
Et l’auteur de reconnaitre que « la culpabilité d’Israël était prouvée par le nombre disproportionné de victimes palestiniennes et la puissance de son armée. D’autant plus que celle-ci incarnait le fort contre le faible, les chasseurs-bombardiers F-16 et les chars Merkava, contre des carrioles à traction animale chargées de matelas où se juchaient des enfants effarés ».
Si, note l’auteur, la question qui taraude la communauté internationale, afin de trouver une solution politique, est la remise en chantier de la solution à deux États, « les emballements consécutifs au 7 Octobre font fi de cette solution, au nom de nationalismes messianiques et mutuellement exclusifs qui se disputent comme telle la Terre sainte. Ces tensions sont exacerbées dans le lieu hautement symbolique que les juifs nomment Mont du Temple, à la base duquel se trouve le Mur des Lamentations… et les musulmans Esplanade des Mosquées (Al Aqsa), troisième sanctuaire de l’islam après La Mecque et Médine ».
Les religieux « radicalisés de chaque confession sacralisent son inviolabilité avec la même fougue et s’accusent réciproquement d’une profanation justifiante entre eux l’usage illimité de la violence ».