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« Lutte contre les influenceurs étrangers malveillants » (3/4)

De legge. D, Timal. R, Rapport d’information n° 739, Sénat, Paris, juillet 2024, 377 p.

Jean-Yves Le Drian, alors ministre de l’Europe et des affaires étrangères français déclarait qu’« il n’y a plus de soft power, il n’y a que du hard power ».

Il faisait allusion au fait que «la conjonction de la nouvelle donne géopolitique avec de nouveaux canaux de perception de l’information, mettant en oeuvre des technologies algorithmiques et l’intelligence artificielle, a pu être présentée au cours des tables rondes technologiques comme un multiplicateur des manipulations et des effets de bulle informationnelle ».

 Ces effets tiennent à la méfiance envers les « grands médias » sur les sujets d’actualité, 57 % des Français interrogés jugeant qu’il faut « se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité ».  L’on estime ainsi que 24 % des moins de 35 ans s’informent via des influenceurs. Malgré cela, les jeunes électeurs européens de 18 à 25 ans placent les réseaux sociaux TikTok (29 %) et Instagram (27 %) en deuxième et troisième positions derrière la télévision (47 %).

C’est que les plateformes de réseaux sociaux tendent à favoriser la diffusion de messages « surprenants et négatifs» ainsi que l’instabilité émotionnelle et l’extrémisme.

Dans une analyse des cascades de rumeurs sur Twitter de 2006 à 2017 (126 000 histoires « tweetées » par 3 millions de personnes plus de 4,5 millions de fois), les nouvelles fausses et surprenantes ont 70 % plus de chances d’être retweetées que des informations fiables sur des événements réels. Les fausses nouvelles atteignent une « profondeur de cascade » (chaînes de retweets ininterrompues) de 10 à environ 20 fois plus rapidement que des faits réels.

Cette bataille des perceptions a également été modélisée par David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS, au moyen d’une étude sur l’évolution de la « twittosphère » politique de 2016 à 2022.

Il faudrait observer que les grandes puissances se livrent à une grande confrontation stratégique, à base d’opérations d’influence malveillantes, mais sans que cela ne déborde pour induire un quelconque conflit armé.

La part la plus visible des opérations d’influence étrangères correspond aujourd’hui aux opérations de désinformation. La Commission européenne définit cette dernière comme « les informations dont on peut vérifier qu’elles sont fausses ou trompeuses, qui sont créées, présentées et diffusées dans un but lucratif ou dans l’intention délibérée de tromper le public et qui sont susceptibles de causer un préjudice public. Par préjudice public, on entend les menaces aux processus politiques et d’élaboration des politiques démocratiques et aux biens publics, tels que la protection de la santé des citoyens de l’Union, l’environnement ou la sécurité ».

Ainsi, l’audiovisuel extérieur constitue un vecteur essentiel d’influence, mais, dans un contexte de guerre informationnelle, cet instrument peut être mobilisé au service de stratégies de désinformation et de dégradation de l’image de l’adversaire.

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