Rovere. M, Ed. Payot, 2008, 243 p.
Google est pour l’auteur, le moteur de recherche le plus connu et le plus utilisé de tout l’Internet, au point qu’il s’est imposé ces dernières années comme le principal point d’accès à la Toile.
Sergey Brin et de Larry Page, fondateurs de Google et anciens étudiants de Stanford, ont ainsi créé un « Bon Géant »n impatient d’archiver nos «intentions de recherche » dans ses gigantesques bases de données.
Car, «l’espace blanc de Google où l’on tape les mots clés des recherches est une porte étroite, un filtre sans aucune transparence, qui contrôle et dirige l’accès aux informations. En tant que médiateur informationnel, un simple moteur de recherche se fait instrument pour la gestion du savoir. Par-là, il se trouve en mesure d’exercer un pouvoir énorme, s’attribuant une autorité absolue dans un monde clos. Le modèle culturel de Google est donc l’expression directe d’une domination technocratique ».
Il est vrai, note l’auteur, que l’Internet offre aux utilisateurs d’extraordinaires opportunités d’auto-information, telles qu’elles surpassent même la formation universitaire, en particulier dans des domaines comme la communication et l’ingénierie informatique. Mais il note aussi que « cette médaille a son revers, doublement négatif : d’une part, l’avilissement de la formation humaniste, qui a malgré tout organisé dans la Toile des domaines de référence, de l’autre, la considérable paralysie cognitive de l’utilisateur moyen ».
En effet, parce que désorientés par la redondance des données disponibles sur la Toile, nous nous fions à des points de référence de la plus grande visibilité sans se demander ce qui se passe en coulisses : « nous insérons nos propres données avec légèreté, conquis par l’incontestable utilité de services décidément efficaces et, comme c’est encore l’usage sur une bonne part de la Toile, gratuits ».
On est peu nombreux à savoir ce qu’est un algorithme ? Et pourtant beaucoup se fient à la réponse de PageRank, un algorithme justement, qui met en ordre sans délai les résultats de nos interrogations et dirige notre expérience sur la Toile.
Il est donc nécessaire, relève l’auteur, de provoquer le débat sur les concepts élémentaires comme « algorithme », « données sensibles », «confidentialité », « vérité scientifique », « réseaux de communication», trop peu discutés par des autorités de régulation dépassées par les géants du numérique.
Et de noter : « l’attitude la plus commune, parmi ceux qui sont confrontés aux continuels et incompréhensibles « miracles de la technologie », oscille entre l’enchantement émerveillé et la frustration, s’y joint même l’adoration mystique, comme si le numérique redorait le monde d’une aura ésotérique, pénétrable seulement par peu d’initiés ».
Il est nécessaire là aussi, « d’adopter une attitude critique et curieuse, de développer des compétences à un niveau avant tout individuel, de comprendre de quelle manière on peut interagir avec les mondes numériques, de mettre au point des outils adéquats aux objets eux-mêmes ».
Car, la synergie entre les sujets en réseau, mondes vivaces en perpétuelle mutation, « n’est pas une simple somme des parties en jeu, elle requiert passions, véracité, créativité et continuelle renégociation des outils, des méthodes et des objets ».
Rubrique « Lu Pour Vous »
15 Août 2024