Andreff. W, De Boeck, Bruxelles, 2012, 74 p.
La mondialisation de l’économie est, selon Wladimir Andreff, «un ensemble d’interactions entre la croissance du commerce international de tous les pays du monde, l’investissement direct à l’étranger, la délocalisation d’activités par des firmes multinationales (FMN) et la mondialisation des activités bancaires et financières».
Son émergence remonte aux années 1980, sa déferlante aux deux dernières décennies. La mondialisation de l’économie du sport est pour lui, «une petite parcelle de ces interactions». Cela signifie qu’il est de plus en plus incongru d’étudier l’économie du sport en se cantonnant à un contexte national ou régional. Le champ d’action de cette économie se situe bel et bien, au niveau mondial.
L’économie du sport est par ailleurs, bien antérieure à sa mondialisation. Pour le démontrer, il faudrait d’une part, présenter les principaux marchés mis en mouvement par les activités sportives et leur médiatisation, ainsi que l’économie des sports professionnels. Et il faudrait d’autre part, saisir les instruments habituels des économistes pour analyser ces marchés, dont notamment l’analyse économique de l’équilibre, la théorie des jeux, la théorie des tournois et des éléments d’économie industrielle et d’économie du travail, qui sont utilisés pour étudier ce que l’on nomme parfois «l’industrie des sports professionnels».
L’apparition de l’argent, et d’autres avantages économiques, dans le sport est très ancienne, note l’auteur. On en trouve la trace dès les Jeux olympiques de l’Antiquité, avant Jésus-Christ, «avec des primes aux vainqueurs, des paris, et même la corruption des adversaires. Les formes modernes du sport datent de la fin du XVIIIe siècle et, surtout, de la seconde moitié du XIXe siècle».
L’on mesure habituellement la valeur économique du sport, à partir du regroupement des agents économiques intervenant dans le sport en 7 secteurs institutionnels: 1/ administration centrale, 2/ administration locale, 3/ sport commercial, 4/ secteur sportif non commercial, 5/ consommateurs, 6/ clubs privés et instances dirigeantes (fédérations sportives), 7/ extérieur.
La plupart de ces secteurs ont une interprétation claire dans le cadre du TEE, sauf le secteur commercial non sportif, défini comme résiduel. Il représente «le reste de l’économie nationale, une fois retranchés les secteurs sportifs public, commercial et privé, pour ce qu’il fournit au sport de biens, de services et de revenus (mécénat, publicité)».
Par contre, il n’existe pas de comptabilité mondiale de l’économie du sport, ni de compilation mondiale au niveau de l’ONU des comptes nationaux du sport.
Situation paradoxale alors que l’économie du sport se mondialise, à la fois par le développement d’un secteur économique du sport dans pratiquement tous les pays du monde, et par l’extension mondiale des principaux marchés du sport au cours des deux dernières décennies.
En l’absence d’une comptabilité du sport au niveau mondial, «les informations disponibles sont des estimations, assez grossières, émises par les milieux professionnels eux-mêmes et véhiculées par la presse».
Pour l’année 2006, les estimations sont:
– Marché mondial des biens et services sportifs : 600 milliards d’euros.
– Marché mondial du football (biens et services) : 270 milliards d’euros.
– Marché mondial des articles de sport : 180 milliards d’euros.
– Marché mondial des droits de retransmissions sportives télévisées : 60 milliards d’euros.
– Commerce mondial des articles de sport : 30 milliards d’euros.
– Marché mondial du sponsoring sportif : 22 milliards d’euros.
– Marché mondial du dopage : 6 milliards d’euros.
Il est vrai, note l’auteur, que la macroéconomie du sport vise à évaluer le poids relatif du secteur sport dans l’économie nationale, mais ce dernier, en tant qu’entité, se situe à un niveau méso-économique, c'est-à-dire intermédiaire entre le niveau de la macroéconomie et celui de la microéconomie.
Ainsi, quand l’analyse «veut entrer à l’intérieur du secteur économique du sport, pour étudier ses différents marchés particuliers et les stratégies des acteurs économiques (entreprises, ménages, État) sur ces marchés, il faut recourir aux instruments de la microéconomie». L’ensemble de ces marchés reconstitue le secteur sport (couramment nommé l’économie du sport) et leur analyse montre comment fonctionne, en interne et dans ses relations avec le reste de l’économie, cette entité méso-économique.
Rubrique «Lu Pour Vous»
08 décembre 2022