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«Le développement du télétravail dans la société numérique de demain»

Ferhenbach. J et al., CAS, novembre 2009, 151 p.

1- En introduction à cette étude, l’on lit : «le télétravail préfigure sous bien des aspects les nouvelles formes du travail de demain, à l’ère du numérique et de la société de la connaissance… Le terme même de télétravail est même dépassé dans les pays qui le pratiquent avec enthousiasme, au profit de celui, plus englobant, plus flexible aussi, de travail mobile ou de e-travail».

En effet, les technologies numériques ne modèlent pas suite à cela, nos modes de vies et par conséquent nos façons de travailler, mais vont jusqu’à remettre en cause les schémas établis, instaurés par l’industrialisation à partir du XIXe siècle, de l’unité de temps et de lieu.

S’il est vrai que le télétravail présente des avantages importants (amélioration des conditions de travail des salariés, conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle, entre autres) il contribue aussi à bousculer les modèles organisationnels et managériaux obsolescents, et affecte sérieusement au moins trois aspects fondamentaux du travail salarié :

°- l’employeur d’un salarié, voire son supérieur hiérarchique direct, peuvent se trouver sur un autre continent, à des milliers de kilomètres de distance. Dès lors, «c’est la notion de subordination et surtout ses modalités qui se trouvent profondément modifiées, en particulier pour les travailleurs du savoir. Cette subordination peut aussi bien diminuer que s’accroître pour prendre la forme d’une télédisponibilité généralisée»,

°- la notion de temps de travail est remise en cause, notamment par le débordement du travail sur la sphère privée.

°- les TIC peuvent affaiblir les collectifs de travail, «par la constitution de réseaux multiformes, horizontaux et transversaux, introduisant parfois une porosité entre l’espace de l’entreprise et d’autres communautés de travail ou de non travail».

Par conséquent, pour que les gains apportés par le télétravail soient significatifs, pérennes et ne bousculent pas brutalement les «valeurs en vigueur», son déploiement dans une organisation doit être progressif et adapté, suivant certaines étapes bien identifiées. À cette condition, ses inconvénients potentiels sont largement contrebalancés par de formidables opportunités.

C’est que le télétravail et plus largement le travail avec des outils numériques, transforment profondément les relations de travail. En effet, ils mettent à mal les concepts usuels du temps de travail et les frontières entre vie professionnelle et vie privée. Par ailleurs, ils interrogent le lien de subordination du travail salarié. Le télétravail est devenu un mode d’organisation du travail parmi d’autres, plutôt que comme l’utilisation de technologies particulières.

Car, l’un des enjeux majeurs du développement du télétravail aujourd’hui est de donner une plus grande flexibilité du travail au salarié en lui permettant de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.

2- Le télétravail est d’autant plus aisé à mettre en œuvre que la structure de l’organisation est légère, peu hiérarchisée, réactive et que les processus internes font appel aux TIC (taux d’équipement en ordinateur, qualité de la connexion Internet, taux de numérisation des documents et dématérialisation des procédures, disponibilité d’un extranet…etc.).

Une comparaison entre différentes mesures de l’accès à la société de l’information indique que «la corrélation est forte, d’une part, entre le télétravail et la qualité des usages numériques personnels et, d’autre part, entre télétravail et avancement de la société de l’information».

Toutefois, la qualité de l’infrastructure numérique semble être une condition nécessaire au développement du télétravail. Ainsi, «la montée en puissance du télétravail aux Pays-Bas, dès le début des années 2000 (14,5% de la population active en 1999 contre 26,4% en 2003), aurait été largement favorisée par des aides gouvernementales à l’équipement informatique des ménages. En France, si 98% des entreprises de plus de dix salariés sont équipées en ordinateurs, dont 71% disposent d’un réseau local, seules 15% d’entre elles emploient du personnel spécialisé en informatique et télécommunications».

Par ailleurs, quatre catégories de freins au télétravail doivent être soulignés : freins de nature juridique et politique, freins de nature culturelle et sociale, freins liés à l’équipement informatique et freins liés à l’encadrement. De ces freins découlent certainement le niveau de redéploiement du télétravail dans la société numérique d’aujourd’hui et de demain.

Rubrique « Lu Pour Vous »

28 octobre 2010

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