Aller au contenu principal

«L’industrie de l’image»

Dutoit. C, CES, Paris, 2010, 150 p.

1- L’image a, de tout temps, participé à la structuration de la société. Aujourd’hui, elle est partout, dans l’activité productive, l’espace public comme dans le monde domestique et dans les lieux les plus personnels. L’industrie qui s’est développée depuis l’animation de l’image emprunte deux voies : l’une de masse destinée à la communication et au divertissement, l’autre aux utilisations individuelles et professionnelles (scientifiques, médicales …etc.) ou ludiques (jeux vidéo) ou de services (GPS...).

Cette industrie vit aujourd’hui une période de mutation qui intervient alors que :

°- la crise économique mondiale entraîne une chute des investissements publicitaires et que le «gâteau» est à partager par un plus grand nombre d’opérateurs,

°- l’on assiste au morcellement des audiences entraînant une forte baisse de celles des chaînes historiques,

°- la délinéarisation, c’est-à-dire «la possibilité pour le spectateur de regarder le programme de son choix au moment où il le désire de la consommation des images qui se poursuit à un rythme toujours plus rapide».

°- le comportement du public jeune (15-25 ans) qui se modifie radicalement. Celui-ci adopte le «global media» et se plait à consommer simultanément, de manière plus active que passive, dans un même lieu différents médias et contenus : TV, ordinateur, VAD (ou VOD en anglais), jeux vidéos, musique, etc.

Suite à cela, le cinéma par exemple va devoir affronter une phase économique difficile. «Le piratage, la nouvelle chronologie des médias ont réduit de manière sensible la consommation des films diffusés en télévision pour un premier passage en clair».

2- Les industries de l’image constituent un monde foisonnant d’activités de production, de diffusion de produits et de services associés, estime l’auteur. Il s’agit d’une filière économique qui «possède de nombreuses spécificités, au premier rang desquelles celle de fabriquer industriellement des prototypes, ce que les professionnels eux-mêmes affirment».

Dans ces industries, l’Inde se trouve en tête des pays producteurs, avec près de 1100 films. Les États-Unis ne produisent que 485 oeuvres, attestant ainsi que «Bollywood» (Bombay et par extension tous le cinéma indien) allait détrôner, tout au moins en nombre, «Hollywood».

 En termes de densité, on compte 1 salle pour 7 750 Américains et 1 salle pour 12 100 Français et plus généralement 1 salle pour 14 000 Européens. 

Spectacle populaire par excellence, le cinéma ne cesse de drainer des spectateurs dans le monde entier. Chaque année, plusieurs milliards de personnes vont au cinéma et cette fréquentation, globalement, ne fait que croître. Aux États-Unis, pays de l’industrie du cinéma, «le nombre des entrées s’établissait pour 2008 (dernière année connue) à près de 1,4 milliard (le record ayant été atteint en 2002, (1,6 milliard), ce qui revient à dire que les américains sont allés, en moyenne, 4,5 fois au cinéma cette année là».

En même temps, la structuration du paysage audiovisuel aux États-Unis présente quelque originalité. On recense plus de 1000 chaînes ou stations dans le pays et 90% des foyers américains sont équipés d’un ou plusieurs téléviseurs.

D’un point de vue technique, le câble est très développé aux États-Unis permettant à de très nombreuses chaines thématiques d’offrir une grande variété de programmes. Le satellite est toutes choses égales par ailleurs, moins répandu qu’en Europe. C’est dire que la notion de convergence technologique est fort relative dans ce domaine.

3. La notion de convergence est apparue à la fin des années 1960 à l’occasion d’un premier rapprochement entre l’informatique et les télécommunications. Depuis, l’essor technologique n’a cessé de faire progresser les possibilités de convergence et de mise en réseau des différents médias.

L’essor technologique récent de la téléphonie mobile par le biais de la 3 G (3ème génération de téléphone mobile, s’appuyant sur la norme UMTS permettant des débits plus rapides que la génération précédente du GSM) accessible actuellement sur plus de 70% du territoire, permet aux opérateurs de proposer une nouvelle offre de services élargie à la visiophonie, l’internet mobile et à la télévision mobile personnelle (TMP).

Cette nouvelle technologie de communication mobile sera adaptée aux usages nécessitant le transfert d’importants volumes de données telles que la vidéo HD, les jeux en réseaux.

Parallèlement à l’amélioration des capacités de débit dans les connexions fixes ou mobiles à internet, la numérisation des contenus audio et vidéo et des technologies de diffusion a permis principalement d’améliorer sensiblement la qualité de l’image et du son, tout en simplifiant le maniement des contenus.

De nouvelles occasions s’offrent donc aux chaînes de télévision à condition qu’elles s’inscrivent dans un mode de consommation plus individualisé des utilisateurs (passage en mode «pull») sans perdre le contrôle de la phase éditoriale d’agrégation du contenu, qui reste leur cœur de métier.

Par ailleurs, «le marché des nouveaux formats adaptés au web et au mobile, est plus mondialisé que celui de la télévision qui reste essentiellement domestique notamment pour les programmes de flux».

Pour atteindre la masse critique, il faut favoriser «un système de coopération accrue entre les différents intervenants de la chaîne de valeur : producteurs, diffuseurs, opérateurs et annonceurs. Cette convergence doit pousser chacun des intervenants à réinventer différemment son métier pour proposer des programmes ou plus globalement des contenus mieux adaptés aux attentes des utilisateurs voire, au delà, en développant de nouveaux services exploitant pleinement tout le potentiel des technologies numériques et de l’élargissement de la bande passante internet».

Les acteurs traditionnels de l’audiovisuel doivent par exemple, et au plus vite, «intégrer et développer des stratégies pluri médias, les nouveaux entrants ne pouvant être les seuls à développer le marché des nouveaux formats, les producteurs de contenus et les chaînes de télévision devant investir également sur ce marché».

4- Quel pourra être, à terme, le modèle économique de la création audiovisuelle et cinématographique ? Jusqu’à maintenant les diffuseurs linéaires participaient de façon prépondérante au financement de la production d’œuvres originales et de qualité. «La dispersion de l’audience et des recettes publicitaires finira-t-elle par assécher une forte part de ces ressources destinées à la création ? Un scénario est de plus en plus envisagé par les acteurs même de l’industrie de l’image cinématographique et télévisuelle, celui de l’intégration globale de la chaîne de valeur par le biais d’un mouvement massif de concentration permettant de maîtriser toutes les phases du processus : de l’initiative de l’œuvre à sa diffusion à titre gratuit ou payant, sur tous supports et dans tous les formats».

Il restera seulement à «mettre en place de nouveaux modes de régulations adaptés, dans ce contexte, à ce nouveau média qui ne connaîtra aucune frontière et qui sera confronté à un interlocuteur unique, le consommateur probablement de plus en plus individualiste».

Rubrique « Lu Pour Vous »

11 novembre 2010

Vous pouvez partager ce contenu