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«Les technologies de l’information et de la communication : une chance pour les territoires ?»

Marcon. A, Conseil Economique et Social, Paris, mai 2002, 55 p.

1- Dans un contexte mouvant technologiquement, économiquement, réglementairement, les télécommunications affirme l’auteur, constituent l’un «des facteurs déterminants pour le développement économique territorial, mais aussi pour le progrès économique et social».

L’importance vitale des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour la société, pour l’économie des territoires et pour la vie quotidienne de leurs habitants, est désormais reconnue, continue-t-il, «par l’ensemble des acteurs économiques, politiques et sociaux».

Et l’auteur d’observer que les évolutions constatées ces dernières années «prouvent que le jeu du marché ne suffit pas à entraîner, pour tous les territoires, leurs populations et leurs entreprises, un accès équitable aux TIC. Seule une action publique volontariste peut permettre d’y parvenir», notamment à l’ère des réseaux numériques et de l’internet en particulier.

En effet, internet facilite et renforce les relations entre groupes d’entreprises (d’un même secteur économique ou d’une même zone géographique) et entre groupes d’individus, autour d’un objet économique, social, culturel ou géographique. C’est aussi un moyen de réduire les coûts, de diminuer les délais, de faciliter la gestion des stocks en flux tendus et d’optimiser les achats.

Il rend possible de «nouvelles approches marketing (gestion de fichiers clients…etc.), favorise les relations financières, améliore le système productif et participe à la veille stratégique et concurrentielle. Internet permet l’immédiateté dans les relations donneurs d’ordre/sous-traitants, le suivi qualité (traçabilité) des produits et accroît la performance d’un service après vente».

Les grands systèmes d’information (Workflow), les messageries fixes ou mobiles, les échanges de données informatisés (WEB-EDI), les centres d’analyses des données (datamining), toutes ces applications de travail en groupe favorisent le travail collaboratif entre équipes dispersées. Ils constituent «le formidable turbo de l’intelligence collective».

Le travail en réseau permis par ces technologies facilitera le maintien d’une offre locale de proximité (hôpitaux locaux) et le suivi à domicile pourra s’étendre (captage de signaux chez le malade) :

°°- Le télé-enseignement («e-learning») mais aussi la formation permanente verront leur efficacité accrue par le haut débit, grâce notamment à une cohérence renforcée entre l’implication individuelle et l’animation de groupe.

°°- Les TIC permettent d’accéder depuis tout point géographique à une gamme étendue de services sur la palette mondiale (choisir son moment pour visionner un film, s’informer avec des références constamment à jour ou se former…). C’est un moyen de vivre plus facilement sur l’ensemble du territoire.

La fibre optique comme technologie d’accès semble constituer une voie aujourd’hui encore plus crédible et très prometteuse. Elle est d’ores et déjà utilisée sur l’intégralité du réseau longue distance. Sur la partie «collecte », elle commence à percer pour les accès des entreprises dans les zones d’activité les plus grandes. La fibre optique s’approche donc de plus en plus des abonnés rendant ainsi techniquement possible un prolongement optique jusque chez l’utilisateur final.

2- Les TIC qui semblent révolutionner l’organisation des sociétés devaient être accessibles sur la totalité des territoires. C’est à ces conditions d’accessibilité que chaque territoire pourra mettre en valeur ses propres ressources (qualité de vie…) et optimiser son développement économique et social.

Mais les craintes exprimées sont de plus en plus confirmées, notamment pour ce qui est:

- du choix par les opérateurs des zones géographiques assurant une rentabilité immédiate et des technologies les moins coûteuses en investissement à court terme,

- de la duplication de réseaux ou de relais dans les secteurs les plus concurrentiels,

- de la limitation ou de l’abandon de l’effort de recherche & développement à moyen ou long terme.

D’où l’impérieuse nécessité d’une action volontariste des pouvoirs publics, singulièrement de l’Etat et des collectivités locales.

Cette nécessité est de plus en plus requise, car les destinées des territoires, de la société en général, «doivent plus que jamais rester dans les mains des pouvoirs publics. Elles ne sauraient être confiées uniquement à des opérateurs, des équipementiers ou des fabricants de matériel informatique, le marché n’ayant pas vocation à assurer l’aménagement du territoire».

En même temps, et en cohérence avec la politique de l’Etat dont le rôle est essentiel, «les collectivités locales doivent poursuivre leur implication, sous peine de voir certaines de leurs entreprises et leurs salariés quitter la région. Enfin, dans la mesure où les opérateurs ne sont pas en mesure de prendre en compte les questions d’aménagement du territoire et où ces questions doivent néanmoins être résolues, il convient que les modalités de la régulation soient revues».

Par ailleurs, note l’auteur, infrastructures haut débit et aménagement du territoire sont donc étroitement liés. Si le haut débit ne dessert que les grandes métropoles (là où il y a beaucoup de clients) et pas le reste du territoire (là où il y en a peu), le pouvoir d’attraction de ces métropoles sera encore renforcé par rapport aux espaces ruraux.

Les choix d’infrastructures doivent être guidés par le souci de répondre aux besoins actuels ou potentiels, qui s’expriment le plus souvent par référence à l’offre existante, mais aussi aux besoins à venir, qu’il convient d’anticiper compte tenu des enjeux majeurs des TIC pour l’avenir des territoires et de la société.

Limiter son ambition à la seule réponse à des besoins à court ou moyen terme, en ayant le souci d’incorporer progressivement le progrès technique, facilite la vie des populations et des entreprises, mais ne permet pas de s’adapter aux évolutions.

Les usages se sont déjà développés dans les entreprises, les administrations (multiplication des sites publics), dans les services marchands (banques) ou non marchands, dans les activités personnelles (ludiques ou culturelles), dans la vie associative.

Le terme de haut débit s’est de plus en plus banalisé et devient un argument marketing de la part des opérateurs. Pour le client, il s’agit de disposer d’une bande passante supérieure à celle dont il dispose aujourd’hui. Les besoins des clients sont multiples et diversifiés.

L’arrivée de la convergence, qui permet de faire passer sur les réseaux de communications électroniques à la fois des contenus audiovisuels et des services de télécommunications, nécessitera des débits de plus en plus forts.

D’une façon générale, les régions devraient, sur la base de la carte des réseaux (filaires mais aussi pylônes et points hauts), donc de la connaissance réelle de la desserte des territoires par fibre optique mais aussi par d’autres technologies, être invitées à établir, en concertation avec les départements, collectivités locales et acteurs économiques et sociaux, des schémas directeurs d’équipements pour les réseaux intermédiaires et locaux à haut débit avec mention des points d’interconnexion vers les épines dorsales.

Rubrique « Lu Pour Vous »

23 décembre 2010

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