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«Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique ?»

Cercle d'Analyse Economique de la Fondation Abderrahim Bouabid, Salé, juin 2010, 88 p.

Le Cercle d’analyse économique de la Fondation Abderrahim Bouabid a publié un rapport fort intéressant, car clair, sans parti pris préalables et non normatif de surcroît.

Très chiffré, fort documenté et aux références théoriques multiples, ce rapport de 86 pages pose une question toute simple, mais fort essentielle pour le présent et l’avenir du pays : «le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique?».

La réponse du rapport est négative, même si, constate-t-il, le pays est devenu depuis une dizaine d’années un véritable chantier.

Si les infrastructures sont nécessaires au développement, affirme le rapport, elles sont loin d’y être suffisantes. Car construire des gares et des autoroutes, n’est de nature qu’à aider la croissance, mais pas l’initier, encore moins en être le moteur.

Outre les infrastructures, le rapport note que depuis 10 ans, l’Etat ne cesse de déployer des efforts substantiels dans d’autres domaines dont essentiellement le tourisme, à tel point qu’aujourd’hui, «le tourisme réalise à lui seul, plus de 8% de notre PIB, et ses recettes équivalent à 20% de nos exportations».

Mais le problème de fond, note le rapport, est qu’il s’agit ici d’une pure et simple «spécialisation prématurée», car dépendant d’une clientèle étrangère, qu’une «crise économique internationale ou un attentat dans n’importe quel pays arabe, et nos superbes stations balnéaires resteront vides pendant une durée indéterminée… ».

Outre le tourisme, le boom immobilier ne semble pas impressionner les auteurs du rapport, car si les logements sociaux sont nécessaires pour absorber la croissance démographique, il ne faut pas compter sur eux, estime le rapport, pour lancer une dynamique de croissance, le secteur immobilier, affirme le rapport, ne générant «pas d’externalités économiques globalement positives».

Il continue : non seulement l’immobilier est un secteur improductif, mais il «introduit des distorsions spéculatives et inflationnistes potentiellement graves pour l’économie». La preuve en est que «l’hallucinante flambée des prix de ces dernières années est totalement déconnectée du pouvoir d’achat réel des Marocains… ».

 C’est pour dire, rappelle le rapport, que la stratégie économique du Maroc se résumant au «triptyque du béton», ne pourra pas meubler une quelconque stratégie dans ce domaine, du fait même que l’addition des stratégies sectorielles ne débouche nullement sur une stratégie globale.

Tout cela ne pourrait que créer confusion, peu de clarté et de visibilité. Ceci est d’autant plus confus que celui qui coordonne tout cela en amont, qui fixe les priorités, qui effectue les arbitrages budgétaires et politiques et qui tranche en conséquence n’est en aucun cas le Premier Ministre (mais d’autres niveaux institutionnels) institution devant être par définition à l’origine de la dite stratégie dont le rapport peine à repérer les fondements ou les prémisses, encore moins la philosophie.

Rubrique « Lu Pour Vous »

17 février 2011

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