Josselin de Rohan et al., Rapport, Senat, Paris, juillet 2011, 53 p.
Quelles sont les raisons qui font aujourd’hui du Brésil une puissance émergente? S'interroge le rapport en introduction.
Et il répond de suite: ''par sa superficie, sa population, ses ressources naturelles et son dynamisme économique, il fait incontestablement partie des tous premiers pays qui pèseront de plus en plus à l’échelle mondiale dans les années à venir''.
En effet, continue le rapport, ''le Brésil fait partie des géants mondiaux par sa superficie, la 5ème au monde, avec 8,5 millions de km², soit quinze fois la France et deux fois l’Union européenne. Transposée à l’Europe, l’étendue du Brésil couvrirait un espace allant de la Suède au Tchad, et de l’Islande à la mer Noire. C’est aussi un géant par sa population qui le place ici encore au 5ème rang mondial, avec 191 millions d’habitants''.
Le Brésil se hisse également parmi les toutes premières économies mondiales. Son PIB atteint 1 600 milliards de dollars et se situe en 2010 au 7ème rang mondial, après avoir dépassé la Russie puis l’Italie. Les économistes considèrent qu’il pourrait accéder au 5ème rang d’ici cinq ans, devant le Royaume-Uni et la France.
Cinq grandes séries de facteurs entretiennent cette dynamique positive, estime le rapport:
+ D'abord, le «bonus démographique» grâce à une population active plus nombreuse, et dont le niveau de vie ne cesse de s'élever. Avec un âge moyen de 29 ans, la population active dépasse désormais celle des inactifs et l’on compte 3,8 actifs pour une personne de plus de 60 ans. Le nombre d’actifs vient de dépasser celui des inactifs.
Cette situation favorable pour la production comme pour la consommation, va perdurer pendant une trentaine d’années au moins.
Il est vrai, note le rapport, que la société brésilienne demeure très inégalitaire (les écarts de revenus sont considérables, 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et 5% avec moins de un dollar par jour), mais durant les huit années de la présidence Lula, 30 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté.
+ Ensuite, d'abondantes ressources naturelles et énergétiques.
En effet, Depuis 2006, le Brésil est autosuffisant en produits pétroliers. Il deviendra exportateur grâce à l’exploitation de vastes gisements off-shore sur son plateau continental. Situé aujourd’hui au 13ème rang des pays producteurs, certaines projections le placent au 6ème rang à l’horizon 2030.
Le Brésil dispose aussi de nombreuses ressources minières. Le groupe brésilien Vale est la deuxième compagnie minière au niveau mondial, la première pour la production du minerai de fer (plus de 250 millions de tonnes) et le nickel. Le Brésil est le 2ème producteur mondial de bauxite.
Autosuffisant en produits pétroliers, le Brésil l’est aussi en matière électrique, assurant plus de 80% de ses besoins en électricité grâce à l’énergie hydraulique.
+ Le Brésil est aussi une grande puissance agroalimentaire. C’est le 3ème producteur agricole mondial. Sa balance agricole affiche un excédent de 63 milliards de dollars en 2010. Le Brésil figure parmi les premiers producteurs mondiaux pour le café, le jus d’orange, le sucre, le viande, le soja, les poulets … C’est aussi le 1er exportateur mondial de biocarburants.
+ Le Brésil dispose par ailleurs, de groupes industriels de dimension mondiale, qui sont biens positionnés dans des domaines où l’offre est durablement inférieure à la demande.
Ainsi, le pays est au 8ème rang mondial pour la sidérurgie, notamment avec le groupe Gerdau qui emploie 46.000 personnes et qui est présent dans 14 pays sur trois continents. Le Brésil compte aussi des groupes de taille significative dans l’industrie agroalimentaire. Ces groupes contribuent à l’excédent commercial brésilien qui atteint aujourd’hui environ 15 milliards d’euros.
+ Enfin, le Brésil suit une politique économique axée essentiellement sur la préservation des grands équilibres, visant à réduire l’endettement public, à maîtriser l’inflation, à attirer les capitaux étrangers et à renforcer les investissements publics dans de grands programmes d’infrastructure.
En 2005, le Brésil a remboursé par anticipation ses dettes envers le FMI et le Club de Paris. Il dispose aujourd’hui de plus de 260 milliards de dollars de réserves de changes, et d’ici 2015, les prévisions tablent sur un rythme de croissance de l’ordre de 5% par an, qui n’est pas le plus élevé des pays émergents, mais qui reste néanmoins très soutenu.
Rubrique « Lu Pour Vous »
21 juillet 2011