César. G, Rapport, Sénat, Paris, juin 2011, 67 p.
1- Par sa position géographique exceptionnelle, qui en fait un carrefour entre l’Europe et l’Afrique, le Maroc a toujours occupé une place particulière au Maghreb, écrit le rapport dans son introduction.
En effet, y lit-on toujours, «par cette situation, mais aussi par son histoire et sa tradition, il a été, avec constance, un acteur du dialogue des civilisations, et l’est toujours aujourd’hui : dialogue entre l’Orient et l’Occident, entre l’Afrique et l’Europe, entre le monde musulman et le monde chrétien».
C'est que le Maroc, note le rapport, possède de nombreuses particularités qui apparaissent déterminantes dans le choix de ses politiques intérieure et extérieure, au premier chef desquelles se trouve une position géographique qui lui confère un double statut d’ «isthme» et de «pont».
De fait, les treize kilomètres qui séparent la rive Nord du Maroc et les côtes Sud de l’Espagne, représentent un véritable atout stratégique. Mais cette proximité ne se traduit pas seulement par des mouvements plus fréquents de populations, elle contribue également à une interpénétration fructueuse des économies marocaine et européenne.
En effet, en 2010, «l’Europe intervenait à hauteur de 60%, articles d’habillement et produits agricoles notamment, dans le commerce extérieur marocain tandis que, à titre de comparaison, l’Asie y participait à hauteur de 21% et les Etats-Unis, 10%. En outre, cette proximité vient s’ajouter à la réactivité naturelle des entreprises du Maroc car elle peut, par exemple, favoriser des échanges marchands rapides appelés par l’éventuel changement brusque d’un marché».
En 2009, le Produit intérieur Brut (PIB) du Maroc est estimé à 736 milliards de dirhams, soit 65 milliards d’euros pour un taux de croissance de + 5,2%. Cette forte croissance s’explique en grande partie grâce au secteur agricole : d’excellentes conditions climatiques ont permis une progression de la valeur ajoutée agricole de + 31% en 2009.
En revanche, en 2010, la croissance de l’économie marocaine s’est élevée à 4,2%, ce ralentissement s’expliquant par une faible croissance du secteur agricole.
Mais malgré cela, la population marocaine subit un fort taux de chômage. Ainsi, en 2009, 9,1% de la population active était sans emploi, parmi lesquels, en milieu urbain, 32% des 15-24 ans et 20% des jeunes diplômés. Il est passé à 9,8% en 2010.
L’indice de développement humain (IDH), s’il a augmenté de 52% en 32 ans, reste particulièrement faible au Maroc par rapport à l’ensemble du Maghreb. Il est passé de 0,429 en 1975 à 0,654 en 2009. La pauvreté du monde rural marocain et les problèmes d’éducation, avec un fort taux d’analphabétisme, expliquent en partie ce mauvais résultat.
La corruption, malgré des progrès, reste par ailleurs, un des handicaps essentiels de l’économie marocaine.
2- Par ailleurs, observe le rapport, malgré le renforcement des pouvoirs du Premier ministre qui devient «chef du gouvernement», le roi demeure un acteur important du pouvoir exécutif. Il continue de présider le conseil des ministres, demeure le chef des armées, préside un «Conseil supérieur de sécurité» et surtout conserve son statut de «Commandeur des croyants».
C'est que Mohammed VI a personnellement placé son règne «sous le signe des réformes visant à mettre en place une société plus juste et plus ouverte. Malgré des résultats reflétant le volontarisme de cette politique, des progrès restent à accomplir».
Il a tout d’abord fait de la lutte contre la pauvreté une de ses priorités, déclarant refuser d’être «le souverain d’un peuple de miséreux».
Il a aussi initié des politiques visant à «promouvoir notamment l’émancipation des femmes, l’alphabétisation de la population, la lutte contre le chômage et la corruption et la modernisation de l’administration et des infrastructures».
En même temps, «les chantiers du port de Tanger-Méditerranée et de celui de Casablanca, l’aménagement de la vallée du Bouregreg, la politique d’électrification du pays, la mise en chantier de grandes autoroutes et de lignes TGV témoignent de cette politique volontariste, qui a représenté, entre 2008 et 2012, près de 11 milliards d’euros d’investissements. Cette politique de grands travaux s’est en outre doublée d’une nouvelle approche du développement territorial dans l’idée que ce dernier allait de pair avec les politiques sectorielles».
Hormis cela, estime le rapport, des progrès restent à accomplir en ce qui concerne la justice et la corruption. Concernant la justice, 23 projets de loi ont été envoyés au secrétariat général du gouvernement sur les différents aspects de la réforme (révision du statut de la magistrature, révision du code de procédure pénale…etc.).
Concernant la lutte contre la corruption, «la situation s’est améliorée, car le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures efficaces en ce sens : déclaration du patrimoine, nouveau plan de lutte contre la corruption pour 2010-2012, ou encore projet de loi sur l’accès à l’information».
Autre défaillance: les mesures restrictives qui sont toujours constatées en matière de liberté de la presse par exemple, ou encore de liberté d’expression et de manifestation.
Rubrique « Lu Pour Vous »
4 Août 2011