Mélot. C et al., Rapport, Paris, avril 2010, 46 p.
1- Peut-on «importer» le modèle finlandais et ses méthodes d’enseignement ?, s'interroge le rapport de prime abord.
Certes, affirme-t-il, tout modèle présente ses propres limites et zones d’ombre, et aucun n’est aisément transposable, d’autant que la Finlande présente un certain nombre de spécificités liées notamment à sa propre culture et à sa situation géographique et démographique.
En effet, dans ce pays de 5,3 millions d’habitants, la densité de population est 15,7 habitants par kilomètre carré. Ceci explique partiellement la petite taille des établissements, lesquels n’accueillent pas plus de 300 à 350 élèves pour la majorité d’entre eux.
La Finlande compte, en 2009, 3 065 écoles primaires et collèges, 406 lycées pour un total de 120 600 lycéens, 201 lycées professionnels pour un total de 200 lycéens. Elle compte 16 universités pour un total de 164 100 étudiants, tandis que les établissements de l’enseignement supérieur professionnel sont au nombre de 26.
Les dépenses courantes au profit de l’ensemble du système éducatif ont globalement augmenté en 2007. Elles ont augmenté de 3,6% en 2007 par rapport à l’année précédente.
L’apprentissage et l’éducation pré-primaire sont les secteurs où l’augmentation a été la plus forte : les dépenses par élève y ont progressé de 4,3% en 2007. La hausse des dépenses par élève a été également importante au niveau de l’éducation dite de base (primaire et collège).
Cependant, par rapport au PNB, les dépenses courantes en faveur du système éducatif ont baissé en 2007, le PNB ayant augmenté plus vite que les dépenses courantes en faveur du système éducatif.
La Finlande consacre environ 6,1% de son PIB au système éducatif, hors enseignement supérieur, contre 6,6% pour la France. Le budget consacré à l’ensemble du système éducatif, enseignement supérieur compris, s’est élevé à 10 milliards d’euros en 2007, les dépenses relatives au primaire et secondaire (niveau collège) en représentant la proportion la plus importante (36,7%). Celles-ci se sont établies à 3,7 milliards d’euros en 2007. Les postes de dépenses les plus importants sont ensuite consacrés à l’université et la recherche, pour 1,8 milliard d’euros, et à la formation continue, pour 1,3 milliard d’euros.
2- Le système éducatif finlandais est caractérisé par la gratuité jusqu’au collège, mais l’accès est payant au collège et au lycée.
Ce système a fait l’objet d’une «révolution consensuelle» à partir des années 70, avec une dérèglementation progressive du Nord jusqu’au Sud du pays, et une généralisation de l’enseignement public gratuit.
A l’heure actuelle, la scolarité est obligatoire de 7 à 16 ans et gratuite jusqu’à 18 ans. Néanmoins, l’obligation porte sur l’apprentissage et non sur ses modalités, liberté étant donnée aux familles de l’organiser elles-mêmes si elles le souhaitent.
Le ministère de l’éducation pilote l’ensemble du système éducatif finlandais. Il dispose à cet effet de la direction nationale de l’enseignement (Finnish National Board of Education, FNBE), agence créée en 1991 et placée sous la tutelle du ministère de l’éducation, dont le champ d’action est très étendu, puisqu’elle couvre l’enseignement primaire et secondaire, les activités extrascolaires, la formation professionnelle et continue ainsi que l’enseignement fondamental dans le domaine artistique.
L’agence, en collaboration avec le ministère de l’éducation, participe à la définition des objectifs, des contenus et des méthodes de l’enseignement primaire et secondaire ainsi que de la formation continue.
Les lois sont, à ce propos, très concises. Elles définissent les objectifs de l’enseignement au niveau national et non les moyens de les atteindre. C’est ainsi, par exemple, que chaque municipalité a l’obligation d’organiser l’enseignement de base, mais elle est libre d’en définir les modalités. De même, chaque école peut choisir son matériel pédagogique ou la répartition des matières dans le cadre fixé par la loi. Enfin, les communes jouent un rôle prépondérant en tant que fournisseurs d’éducation et sont responsables de l’administration locale.
3- En 2001, 97% des étudiants ont suivi un enseignement dans un établissement financé par les fonds publics, de même que respectivement 92% et 83% des élèves des lycées et des écoles professionnelles.
98% de l’éducation fondamentale est financée par de l’argent public, et il existe très peu d’établissements privés (entre 50 et 60), qui sont d'ailleurs placés sous contrôle public. Ils suivent le cursus national et l’orientation professionnelle générale décidés par la Direction nationale de l’enseignement. Ils reçoivent également le même niveau de financement public que les écoles publiques. Ainsi, le directeur du lycée Syk d’Helsinki, un des plus grands établissements privés de Finlande et le seul ayant le statut de société anonyme, perçoit un financement exclusif de l’Etat, l’obtention d’une subvention de l’Etat étant logiquement subordonnée au respect des référentiels d’enseignement.
La plupart des établissements scolaires sont pris en charge par les communes ou les communautés de communes. L’éducation constitue par conséquent le deuxième budget des villes après les services sociaux. Précisons que la Finlande compte environ 350 communes pour 5,3 millions d’habitants.
Les écoles ont le droit de fournir les services de formation qu’elles décident, sous réserve que les fonctions de base, déterminées par la loi, soient remplies. Ainsi, elles peuvent choisir la répartition des enseignements au sein des cycles et du cadre général fixés par le ministère.
Le programme d’enseignement national est défini par la Direction nationale de l’enseignement et inclut des objectifs et des critères d’évaluation. A l’intérieur de ce cadre, les écoles et les communes déterminent alors leurs propres programmes en accord avec le contexte local.
Quant aux enseignants, ils peuvent choisir librement leurs méthodes et leur matériel d’enseignement. Ils choisissent les manuels, décident du contenu des cours et des modalités d’évaluation, sont chargés de la discipline, sont en contact avec les parents, doivent se concerter avec les autres enseignants de leur matière et de leur classe. Ils suivent leurs élèves le plus longtemps possible dans leur scolarité.
Le système éducatif finlandais est fondé sur le principe suivant : l’élève ne doit pas s’adapter à l’école mais l’école doit s’adapter à l’élève.
De ce principe découlent l’organisation du système éducatif et les méthodes pédagogiques employées au sein des établissements, mais aussi la formation des enseignants.
Dans un pays de petite taille et à faible population comme le sien, garantir un accès égal quels que soient le milieu familial et la situation géographique était d’autant plus important.
Dans cet esprit, l’enseignement pré-scolaire, l’enseignement fondamental et le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont gratuits. Il en est de même pour la scolarité, les services sociaux et de santé et des repas scolaires à tous les niveaux, ainsi que du matériel et des fournitures scolaires dans le pré-scolaire et l’enseignement fondamental.
Il semble ainsi que la Finlande est le pays où l’équité en matière éducative est la plus forte. C'est la raison pour laquelle la disparité de résultats entre établissements est la plus faible de tous les pays de l’OCDE et l’impact de l’origine socio-économique des parents sur la réussite scolaire des enfants est beaucoup moins prédominant qu’ailleurs, le taux d’abandon scolaire étant très faible, quelque soit le niveau d’études.
Preuve en est que l’esprit qui prévaut à l’évaluation de l’élève est de l’évaluer par rapport à lui-même, à ses propres progrès et non par rapport aux autres. L’objectif ici n’est pas d’entretenir une compétition entre les élèves, mais de les soutenir et de leur donner différentes possibilités d’apprendre, chaque enfant étant différent.
Rubrique « Lu Pour Vous »
15 septembre 2011