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«Culture et numérique au pays du Soleil Levant»

Assouline. D et al., Rapport, Sénat, Paris, octobre 2011, 68 p.

1- Mise en place en 1946 en accord avec les forces d'occupation américaines, «l'organisation politique du Japon s'inscrit dans un système de monarchie constitutionnelle avec un Parlement bicaméral, la Diète. Celle-ci se compose d'une Chambre des Représentants de 480 sièges, élue au suffrage universel tous les quatre ans, et d'une Chambre des Conseillers de 242 sièges, dont les membres sont élus pour six ans».

Dans leurs fonctions législatives les deux Chambres ont les mêmes pouvoirs. En revanche en matière budgétaire, d’approbation d’accords internationaux et pour la désignation du Premier ministre, le dernier mot appartient à la Chambre des représentants.

L'Empereur n'a qu'un rôle purement symbolique. «Il incarne la continuité du pays et de ses traditions et est le chef de la religion shintô. Mais tous ses actes requièrent l’approbation du cabinet, le pouvoir exécutif appartenant au gouvernement, responsable devant la Diète, composé du Premier ministre et de ministres d'état. L’Empereur est par ailleurs chargé de la promulgation des amendements à la Constitution, lois, décrets et traités. Il convoque la Diète, dissout la Chambre des Représentants, proclame les élections des membres de la diète, atteste de la nomination des ministres et autres fonctionnaires, reçoit les lettres de créance et représente l’État aux cérémonies officielles».

La vie politique japonaise a été marquée, durant les vingt dernières années, par les scandales politiques entraînant une grande instabilité ministérielle, puisque dix-neuf gouvernements se sont succédé. Un seul, celui dirigé par M. Junichiro Koizumi (2001-2006), a eu le temps et la volonté d’imposer des réformes, mais elles ont, pour l’opinion japonaise, creusé les inégalités et précarisé la société.

L’alternance, la dernière en date, a été accueillie avec espoir mais elle a déçu, contraignant M. Hatoyama à démissionner, avant que le Parti démocrate japonais ne subisse une sévère défaite aux élections sénatoriales de Juillet 2010.

Le Japon était entré, fin 2008, dans la plus forte récession enregistrée depuis 1974, «en raison de la crise économique mondiale qui a fortement affecté les exportations nippones, moteur de sa croissance qui s'est établie à - 0,7% en 2008». L'archipel enregistre depuis cette date un déficit commercial croissant en raison de la chute des ventes à l'étranger. Les autres facteurs de croissance, consommation et investissement, sont en berne depuis plusieurs années. Et la hausse du yen ne fait qu’aggraver la situation».

La récession a provoqué l'annonce par les grands groupes nippons de réductions spectaculaires de capacités et de résultats nets en forte baisse ou négatifs. A titre d'exemple, Toyota, le premier constructeur automobile mondial, a annoncé les premières pertes d'exploitation de son histoire pour l'exercice 2008, et les géants de l’électronique ont perdu le tiers de leurs parts de marché global au profit de rivaux essentiellement sud-coréens.

Le niveau de chômage a atteint un taux record de 5,7% en Juillet 2009. Les entreprises japonaises recourent de plus en plus largement à des baisses de salaires et à des licenciements de travailleurs précaires.

En 2010 le Japon a perdu sa place de deuxième économie mondiale au profit de la Chine, rang qu’il occupait depuis 1968. Ce recul illustre le relatif déclin de l’industrie japonaise, moteur traditionnel de la croissance.

Le gouvernement japonais a réagi à la crise par le lancement de plusieurs plans de relance au prix d’un déficit avoisinant aujourd’hui les 200% du PIB.

Le Japon était sorti officiellement de la récession au deuxième trimestre 2009 (croissance de + 0,6%), mais la reprise restait fragile (déflation alimentée par la baisse des salaires, faiblesse persistante de la consommation). Le PIB japonais a reculé de 5% en 2009 (baisse comparable à celle de l’Allemagne), puis de 1,1% en 2010.

Sur le long terme, «la capacité d'innovation du Japon, qui détient le record mondial de 3,4% de PIB consacré à la Recherche-Développement (France : 2,2%), et sa maîtrise de créneaux technologiques d'avenir (robotique, nanotechnologies, biotechnologies, énergies vertes…) demeurent toutefois des atouts très sérieux et devraient lui permettre une nouvelle fois de surmonter ses difficultés».

2- La société japonaise constitue souvent un mystère pour l’observateur étranger intrigué par le contraste d’un développement technologique accéléré et d’une culture des traditions ancestrales. Au Japon, «toute construction (physique ou spirituelle) ne tient debout que parce qu’elle s’appuie sur des fondations solides, éprouvées, entretenues, enrichies ou améliorées au fil du temps, au gré des innovations par apports successifs, dans un but : repousser les limites du possible, viser l’idéal».

Les rapports interindividuels sont marqués par une extrême déférence à l'égard d'autrui et un respect exacerbé des convenances, le sens absolu du devoir du salarié japonais vis-à-vis de son entreprise ainsi que le respect de la hiérarchie élevé au rang de vertu, étant une caractéristique essentielle des relations du travail.

C'est la raison pour laquelle, sorti exsangue de la seconde guerre mondiale, le Japon est devenu en un quart de siècle, une grande puissance mondiale, le pionnier des innovations technologiques et affichait un taux de chômage de moins de 2% en 1969. «Ce rebond spectaculaire trouve sa source dans l’extraordinaire abnégation, la vitalité, le pragmatisme et la solidarité dont ont fait preuve les citoyens, dans la motivation des travailleurs pour produire et innover, dans la vision de quelques dirigeants pour impulser l’industrie et imposer des mesures parfois impopulaires mais finalement efficaces».

Il est vrai, note le rapport, que le redressement peut s’expliquer par les réformes structurelles initiées par l’occupant américain, au niveau de l’État, des entreprises, des banques et de l’éducation. Mais c’est en s’appuyant sur une volonté collective nationale de s’en sortir que le miracle a été possible.

C'est pour dire que si l’archipel a réussi à plusieurs reprises, à chasser l’envahisseur et à élever le niveau de vie de ses habitants, «c’est d’abord en puisant aux tréfonds de sa culture et de ses valeurs héritées de sa très longue et tumultueuse histoire. Il en est de même aujourd’hui, alors que le pays est à nouveau frappé par la crise».

3- Le secteur des TIC au Japon est le premier secteur industriel (9,7% du PIB) et a contribué pour un tiers à la croissance du PIB en 2009. L’expansion rapide de l’utilisation de l’internet et des communications mobiles a un important impact sur le style de vie des Japonais. Le gouvernement a mis en oeuvre des mesures de déréglementation afin d’introduire les principes d’économie de marché dans le domaine des télécommunications japonaises, et par ce biais accroître la compétitivité des compagnies japonaises sur les marchés internationaux.

Un premier pas dans cette direction s’est concrétisé avec la privatisation en 1985 du monopole des services téléphoniques exploités par l’État et la création qui s’en est suivie de Nippon Telegraph and Telephone Corporation (NTT).

En 1999, NTT était réorganisée en tant que société de portefeuille supervisant deux compagnies téléphoniques régionales et une compagnie téléphonique d’appels longue distance. Le numéro deux des compagnies de télécommunications générales au Japon, maintenant connu sous le nom de KDDI Corporation, a été créé en Août 2000, La déréglementation a encouragé de nombreuses nouvelles compagnies à entrer sur le marché japonais, y compris de grandes sociétés étrangères.

Ainsi, sous l’impulsion de NTT, le Japon s’est doté de réseaux de communication performants et fiables. Le déploiement de la fibre optique date de 2001. Avec un taux de couverture de 90% des foyers en Janvier 2010 (47,6 millions de foyers), 96 millions d’internautes ont accès au très haut débit.

Le nombre d’abonnements à un service de téléphonie fixe est en déclin constant. Le marché est peu concurrentiel : seules quelques niches régionales échappent à l’opérateur historique. Le nombre de lignes diminue fortement. La voix sur IP, la généralisation du mobile et l’extension des accès FTTH au détriment de l’ADSL, pénalisent l’activité ligne de téléphonie fixe dont le taux de déclin est aujourd’hui autour d’un million de lignes par trimestre.

En 2005, le nombre d’abonnés au téléphone mobile excédait 90 millions, et le taux de pénétration dans les ménages était de 85,3%. La concurrence entre les compagnies de téléphones mobiles s’est intensifiée en 2006 avec l’introduction de la portabilité du numéro de téléphone qui permet à l’utilisateur de garder le même numéro lorsqu’il change de compagnie de téléphone.

Le marché est arrivé à maturité en termes d’abonnés (116 millions d’abonnés dont 97% en 3G), les opérateurs sont engagés dans une guerre des prix et une course à l’innovation de services, la conversion des clients de la 2G à la 3G est presque achevée.

Le marché nippon est très fermé aux acteurs étrangers. Les acteurs nationaux sont puissants mais cantonnés à leur marché domestique. Inversement, les grands opérateurs japonais éprouvent de grandes difficultés à développer leurs activités à l’étranger.

Les Japonais sont de gros utilisateurs de l’Internet : 3 Japonais sur 4 utilisent internet, ce qui est considérable compte tenu d’une pyramide des âges vieillissante. Les terminaux mobiles ont atteint la barre des 75 millions pour les mobiles, et 82 millions pour les PC. L’internet représente 26,4% de tout le temps de contact des Japonais avec les médias.

De nombreux nouveaux secteurs d’activités liés aux contenus sont développés sur la base des multiples fonctionnalités des téléphones portables, du haut débit et de la diffusion de consoles de jeux vidéo et de téléviseurs numériques. Le téléchargement sur téléphones portables représentait plus de 90% du marché digital des titres musicaux au premier semestre 2009. Sur ordinateur également, on estimait à 10% le nombre d’internautes utilisant un logiciel P2P, leur permettant de télécharger librement du contenu, parmi lesquels 44% de fichiers musicaux, 38% de films, 7% d’images, 7% de livres électroniques et 3% de logiciels Internet.

Le 24 Juin 2009, a été décidé et annoncé «le Programme stratégique de la propriété intellectuelle». Ce programme est la présentation concrète de cinq axes politiques prioritaires visant à : renforcer la stratégie pour la propriété intellectuelle afin de favoriser l’innovation, renforcer une stratégie mondiale de la propriété intellectuelle, favoriser une stratégie de croissance pour les industries culturelles, assurer la stabilité et la prévisibilité des droits de la propriété intellectuelle et construire un système de propriété intellectuelle répondant aux besoins des utilisateurs.

Rubrique « Lu Pour Vous »

10 novembre 2011

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