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«Capacités industrielles militaires critiques»

Reiner. D et al., Rapport, Sénat, Paris, juillet 2012, 320 p.

1- Dans l'expression "capacités industrielles souveraines", il y a, d’une part, les équipements nécessaires aux domaines de souveraineté, c'est à dire les "armes de souveraineté" et, d’autre part, les technologies et les capacités permettant de concevoir, fabriquer et soutenir de telles armes, c'est-à dire les capacités industrielles, dont on souhaite garder la maîtrise.

Dans l’analyse stratégique, l’importance de ces capacités industrielles souveraines (CIS) tient avant tout à la nécessité de concentrer ses moyens budgétaires sur les équipements militaires ressortissant aux domaines les plus importants, c'est à dire les  domaines de souveraineté.

Sept principaux secteurs sont concernés par ces domaines:

+ Le secteur nucléaire qui consiste en la "capacité à concevoir des armes nucléaires, à les développer, à les fabriquer et à en garantir la sûreté".

+ Le secteur spatial où il s'agit de développer "les compétences technologiques et industrielles en matière de guidage inertiel haute performance et de propulsion solide".

+ Le secteur naval, car les capacités sous-marines sont stratégiques aussi bien pour la dissuasion et le renseignement, que pour l’intervention (frappes de précision à distance de sécurité, opérations spéciales).

+ Le secteur aéronautique parce que "la crédibilité de la composante nucléaire aéroportée implique de conserver sur le plan national, la capacité de conduite technique d’un programme d’avion de combat et de définition et d’adaptation du système à la mission nucléaire".

+ Le secteur terrestre qu'il faudrait favoriser pour permettre l’émergence d’un pôle industriel terrestre disposant d’une filière de production de munitions.

+ Le secteur des missiles du fait que les missiles en général et les missiles de croisière en particulier, constituent l’une des composantes essentielles des capacités d’intervention.

+ Le secteur de la sécurité des systèmes d’information, car il est nécessaire de "disposer de capacités industrielles nationales solides permettant de développer une offre de produits de sécurité et de cryptologie totalement maitrisés au niveau national".

Font donc partie des capacités industrielles souveraines :

+ Les composants fondamentaux de la force de dissuasion nucléaire : les armes nucléaires, les sous-marins nucléaires, les avions de combat participant à la mission nucléaire, une partie des technologies des missiles balistiques (guidage inertiel, propulsion solide), les missiles de croisière de la composante aéroportée,

+ Les produits de sécurité et de cryptologie et pour partie au moins les systèmes d’information. N’en font pas partie, les drones, les avions de combat (qui ne participent pas à la mission nucléaire) les missiles de croisière (autres que ceux de la composante nucléaire aéroportée, les satellites, les composants électroniques.

2- Une capacité industrielle est ainsi un ensemble cohérent qui réunit des infrastructures, des moyens matériels, et surtout des équipes de personnels maîtrisant des technologies de pointe et des savoir-faire industriels parfois uniques.

"Il est le résultat d’un effort d’investissement continu inscrit dans la durée, soumis à la règle qui veut que le décrochage technologique est rapide alors que la remise à niveau est longue et onéreuse".

S’il est impropre de parler d’armes souveraines, il existe, en revanche, des armes concourant de façon déterminante, on pourrait dire critique ou décisive, à l’indépendance nationale et, par glissement sémantique, à la souveraineté.

Il existe donc des capacités industrielles elles-aussi critiques pour la conception, le fonctionnement et le soutien de ces armes, capacités qu’il convient de protéger et de développer.

Rubrique « Lu Pour Vous »

22 novembre 2012

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