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«Communication politique dans le monde arabe et en Afrique»

«Communication politique dans le monde arabe et en Afrique»

Une discipline encore balbutiante

Un colloque international organisé par l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi) en collaboration avec la très présente Konrad-Adenauer Stiftung (KAS) s’est ouvert, hier à Tunis, sur le thème « Communication politique dans le monde arabe et en Afrique : approches et mécanismes de mise en œuvre».

 Le directeur de l’Ipsi, Taoufik Yakoub, a souligné à l’ouverture du colloque que, conscient de l’importance de plus en plus grande de la place de la communication dans la politique, et l’impératif de « professionnaliser » une discipline encore balbutiante en Tunisie, son institut a créé un mastère en «communication politique » dont la première promotion était présente dans la salle.

Pas de communication politique avant 2019

C’est en tout cas la phrase d’accroche de Jamel Zran, professeur à l’Ipsi, qui considère dans son exposé qu’on ne peut parler véritablement de communication politique dans les pays en transition, dans la mesure où les nouvelles institutions de l’Etat, après la chute du régime de Ben Ali, n’ont pas encore été installées.
«C’est probablement en 2019, c’est-à-dire après que le premier gouvernement issu de la nouvelle Constitution aura pris ses quartiers, que le pouvoir politique en Tunisie sera confronté à l’épreuve de l’alternance démocratique et que les partis pourront déployer une communication politique dans un contexte relativement stable», explique-t-il.

Pour lui, c’est bien beau de disposer d’outils de communication sophistiqués, encore faut-il qu’il y ait une assise sociologique permettant une utilisation qui rompe avec une culture politique arabe faite de coups d’Etat (sous ses formes diverses) dans lesquels les médias ont joué le rôle de facilitateur.

La communication politique demeure impersonnelle

Les outils de communication, de plus en plus évolués, notamment les nouvelles technologies de l’information, ont, selon Yahya El Yahyaoui, professeur à l’université Mohamed-V au Maroc, supprimé la barrière existante entre «le producteur de l’information et le consommateur de l’information», ce qui, au passage, remet en cause le rôle de ce qu’on pourrait appeler « communicateur ».

«La théorie du monopole de l’information est en train de se disloquer peu à peu, et pour preuve, le rôle considérable des technologies de l’information dans les récentes révoltes arabes», explique-t-il.
Cependant, l’intervenant critique vivement la façon avec laquelle les hommes politiques communiquent avec leurs concitoyens, ils usent selon lui d’une communication «impersonnelle» sans attendre un  réel feed-back des destinataires.

« La seule exception peut-être, c’est dans les campagnes électorales que les candidats daignent se mélanger aux gens dans une sorte de communication interpersonnelle», poursuit-il.

La mort du «sens de la révolution» dans la communication

C’est effectivement la «thèse» soutenue par Mutlak Ibn Saoud Mtiri, professeur à l’université du Roi Saoud en Arabie Saoudite.

Pour lui, les révolutions arabes avaient des revendications qui se rapportaient à la condition de vie des peuples  et surtout à des revendications internes qui n’avaient aucune relation avec des agendas étrangers.
«Les médias ont porté à un certain moment ce souffle révolutionnaire, et l’image d’une révolution faite par des jeunes pleins de rêves a été consacrée ».

Cependant, selon le même intervenant, plus le temps passait, plus le rôle de la jeunesse dans la vie politique était marginalisé et plus les revendications initiales laissaient la place, à travers justement la communication des politiques, à d’autres revendications, qui jusque-là n’étaient pas à l’ordre du jour.

C’est ainsi que des débats sur des questions comme par exemple le caractère civil ou religieux de l’Etat ont vu le jour, pour que finalement  la communication politique des partis se ramène à une sorte de rhétorique qui n’exprime que les idées des individus qui composent les partis.

Notons que les travaux du colloque se poursuivront aujourd’hui, sur un sujet très nouveau qu’est la communication politique, qui cherche encore sa place dans des pays arabes post-dictature.

Karim BEN SAID

26 avril 2013

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