Roucairol. G et al., Rapport, Cahiers du Futuris, mars 2021, 44 p.
Si l’essentiel du défi technologique et industriel reste à venir, la 5G constitue, pour les entreprises industrielles, une voie d’accès privilégiée à la plateformisation numérique. Tel est le propos liminaire de ce rapport sur les chaînes de valeur de la 5 G.
Il expose « l’analyse qui permet d’aboutir à ce constat, interroge les modalités de diffusion de la 5G dans les chaînes de valeur, et pointe des pistes d’orientation aussi bien politiques que stratégiques ».
Il s’arrête sur trois grands enseignements :
°- Le premier : Il faut reconnaître «le pouvoir de marché des hyperscalers (fournisseurs de services cloud) dans les chaînes de valeur des données industrielles lorsque la 5G est impliquée. Leurs compétences informatiques pointues et abondantes font d’eux des recours incontournables, y compris pour les opérateurs télécoms.
La cloudification dont ils sont à l’origine, n’est pas la plateformisation. Il existe une variété de voies de plateformisation numérique ouvertes aux entreprises industrielles. La 5G pourra leur donner une maîtrise sur leur propre écosystème de données.
La circulation vertueuse des données entre les entreprises d’un écosystème métier « est favorisée par la 5G, à condition de disposer d’un accès aux compétences socles de technologies de confiance ».
°- Le second enseignement : Des points durs techniques demeurent posés pour la 5G, dont notamment le soutien à la recherche technologique. Le renforcement du partenariat public-privé apparaît de ce point de vue, comme une orientation politique qu’il faudrait appuyer.
°- Troisième enseignement : « Les positionnements, voire les adhésions à des codes inter-organisationnels et intergouvernementaux des plateformes numériques structurantes ne peuvent constituer des preuves suffisantes de transparence. Description des conditions générales de vente et adhésion à des codes de bonne conduite représentent des promesses qui n’engagent que ceux qui les acceptent ».
Ces trois enseignements découlent de l’analyse suivante : la 5G est considérée comme « une brique technologique dont les fonctionnements et les usages se définissent en interaction avec la plateformisation. Ainsi, la 5G fait appel à une architecture informatique où des équipements de réseaux sont remplacés par des serveurs spécialisés et des logiciels. Cette nouveauté majeure autorise la virtualisation de ces ressources de réseau au service d’une part de plus en plus conséquente des fonctions et services de télématique industrielle ».
La 5G affecte les usages au sein des chaînes de données industrielles : « la virtualisation contribue à réduire la latence et autorise le découpage de réseau. Le découpage dynamique permettra une orchestration et une automatisation du découpage de bout-en-bout. L’entreprise utilisatrice de 5G deviendra alors opératrice de sa propre infrastructure de réseau sur les sites équipés. Une combinaison de cloud et d’edge Computing fonctionnant avec la 5G sont déjà, et seront encore plus demain, proposés par les nouveaux concurrents que sont les opérateurs télécoms et les fournisseurs de cloud. Lesquels forment des alliances complexes, dont l’un des objectifs est le partage d’une valeur encore largement théorique ».
Pour ce rapport, « les contextes d’usages à haute valeur ajoutée autorisés par la 5G, résulteront nécessairement de processus de co-innovation en B2B (clients-fournisseurs/ opérateurs). Les changements techniques et d’organisation induits par la 5G, se manifesteront au sein d’une variété d’écosystèmes spécifiques. Chacun d’eux s’organisant en fonction des chaines de valeur des données concernées ». Ainsi :
+ La 5G fait l’objet d’une dynamique d’appropriation soutenue par l’ensemble de l’écosystème de la santé comme « étape de sa plateformisation numérique, qui vise à établir la médecine des 4P (personnalisée, préventive, prédictive, et participative) ».
+ La 5G représente pour les entreprises manufacturières une opportunité pour « améliorer encore la flexibilité de leurs processus de production. Elle est aussi une chance pour les entreprises d’infrastructure, y compris publiques, de développer des nouveaux services ».
+ La 5 G induira ce que l’on appelle la ville intelligente (smart city). Cette dernière se spécialisera dans « la fourniture de certains services urbains intégrés (santé, tourisme, mobilité) en se basant sur la 5 G. En effet, « compte tenu des qualités de bien réseau de la 5G, l’espace urbain, territoire de connexion, représente l’horizon pertinent d’une plateformisation des services publics ».
Rubrique « Lu Pour Vous »
12 septembre 2024