Raoul. D et al., Rapport, Sénat, Paris, juillet 2013, 45 p.
A la fin de l’année 2012, la Turquie comptait environ 75,6 millions d’habitants. «Le pays figure ainsi parmi les vingt pays les plus peuplés au monde, avec plus de dix millions d’habitants de plus que la France, le Royaume-Uni ou l’Italie, une population comparable à l’Iran et entre cinq et dix millions d’habitants de moins que l’Allemagne, l’Éthiopie ou l’Égypte».
Une population qui continue de progresser, note le rapport, sous l’effet d’une croissance démographique qui est, certes, en diminution depuis plusieurs décennies, mais qui reste très supérieure à ce qu’elle est dans les pays occidentaux.
Au-delà de sa croissance, la population turque se caractérise par sa jeunesse : 26% de la population a moins de 15 ans.
Il s’agit d’un atout économique indéniable, car «la Turquie possède l’une des plus jeunes populations dans l’une des plus grandes économies du monde. Sa main d’œuvre est jeune, de plus en plus diplômée et pourrait être le fer de lance d’une économie encore plus dynamique, sophistiquée et évoluant rapidement».
Parmi les vingt premières économies mondiales, seuls l’Inde, le Mexique et l’Indonésie disposent d’une population plus jeune.
Enfin, la population turque est marquée par une urbanisation croissante : 76% de la population vit aujourd’hui dans les villes, un taux en très forte progression depuis un demi-siècle.
Il y a un peu plus de dix ans, en 2001, la Turquie a subi une grave crise financière. Cette crise a conduit le pays à solliciter l’aide du Fonds monétaire international et le gouvernement de l’époque a mené de vastes réformes économiques et financières qui ont permis d’assainir l’économie et le système bancaire.
Ces réformes ont produit des effets très positifs : la Turquie a connu depuis lors un taux de croissance «à la chinoise», qui a atteint près de 5,2% par an en moyenne entre 2002 et 2012.
Depuis 2002, la hausse cumulée du PIB est de 25%, un record dans l’histoire du pays.
Le taux de croissance n’est d’ailleurs pas la seule donnée illustrant le développement impressionnant de la Turquie : entre 2001 et 2008, les exportations de la Turquie ont ainsi été quadruplées.
Sur un autre plan, observe le rapport, la croissance du PIB a permis l’émergence d’une classe moyenne en Turquie.
Ainsi, «la rapidité avec laquelle la classe moyenne s’est renforcée ces dix dernières années, ainsi que de forts taux de croissance économique, ont entraîné la sophistication du panier de consommation et une augmentation de la demande de services. Entre 2003 et 2010, la vente des voitures a doublé, atteignant 761 000 unités par an. Le nombre de passagers des aéroports turcs a triplé dans le même temps, tandis que celui des abonnés à la téléphonie mobile est passé de 26,6 à 61,6 millions».
Le développement des dernières années a permis à la Turquie de devenir la 17ème économie mondiale. Elle est, à ce titre, membre du G 20… elle est devenue «une des plus grandes économies et une des plus grandes industries manufacturières à l’exportation dans la région» : la Turquie est donc une puissance économique de rang mondial.
Ce nouveau statut donne au pays de grandes ambitions. La Turquie souhaite ainsi devenir l’une des dix plus grandes économies du monde, en atteignant un PIB de 2 000 milliards de dollars (soit un triplement), un PIB par habitant de 25 000 dollars (soit un doublement) et plus de 500 milliards de dollars de recettes pour les exportations (soit un doublement).
Des projets pharaoniques ont ainsi été lancés, à l’exemple d’un tunnel sous le Bosphore ou, surtout, du projet de troisième aéroport à Istanbul. Cet aéroport «devrait être le plus grand au monde, doté de six pistes et pouvant accueillir à terme 150 millions de passagers par an, soit près de deux fois plus que les aéroports de Roissy et d’Orly réunis (ces derniers ont accueilli en 2012 88,8 millions de passagers)». Le contrat pour la construction de cet aéroport s’élève à 22 milliards d’euros.
Une dernière illustration de la puissance économique de la Turquie est l’émergence d’entreprises qui pèsent dans leur secteur d’activité au niveau mondial. Le meilleur exemple est l’entreprise nationale Turkish Airlines.
Cette entreprise, possédée à 49% par l’État turc, est devenue le fer de lance de l’économie du pays : sa flotte a très fortement progressé au cours des dernières années (elle compte aujourd’hui 215 appareils, soit 65 de plus qu’il y a à peine trois ans). Elle a effectué récemment des commandes impressionnantes (117 Airbus pour un montant de 9,3 milliards d’euros, des Boeing pour 6,9 milliards d’euros).
L’objectif de cette compagnie est de devenir d’ici 2023 l’une des dix premières compagnies aériennes du monde.
Par ailleurs, l’économie turque est pleinement intégrée dans l’économie mondiale, notamment depuis l’entrée en vigueur en 1996 de l’Union douanière avec l’Union européenne (UE).
L’UE constitue le principal partenaire commercial de la Turquie, avec près de 40% des échanges, la Turquie constituant le septième partenaire commercial de l’UE.
Les exportations de la Turquie vers l’UE se sont ainsi élevées en 2011-2012, à 33,7 milliards d’euros, contre des importations de 50,2 milliards d’euros.
Les principaux postes d’exportation du pays sont l’automobile, le textile, l’électroménager ou encore la sidérurgie, les produits industriels représentant ainsi 95 % des exportations.
Sous l’effet de la concurrence des pays asiatiques dans le secteur du textile, la Turquie a été contrainte de réorienter son appareil industriel vers la production automobile ou les produits électroménagers.
La Turquie est ainsi :
+ Au niveau mondial, le premier producteur de ciment, le deuxième producteur de verre plat, le premier producteur de bore, le deuxième exportateur de bijoux ou encore le sixième exportateur d’habillement,
+ Au niveau européen, le premier fabricant de téléviseurs, le premier constructeur de bus, le troisième fabricant de céramique ou encore le deuxième fabricant de matériaux de construction.
Le meilleur autre signe de l’inclusion de la Turquie dans l’économie mondiale est le caractère massif des investissements directs étrangers dans le pays. Ce niveau a ainsi atteint 12,5 milliards d’euros en 2011.
On compte ainsi aujourd’hui en Turquie environ 25000 entreprises à capitaux étrangers : un tiers des banques et un quart des 500 grandes entreprises sont étrangères.
Rubrique « Lu Pour Vous »
1er Août 2013