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«Conférence médias-société: Le livre blanc attise les débats»

L’Organisation des libertés de l’information et de l’expression (OLIE) a tenu une conférence autour du thème «Lecture du rapport du dialogue national sur les médias et la société», jeudi dernier, à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC).

Cette rencontre a été l’occasion pour les intervenants pour donner une lecture des conclusions et des recommandations contenues dans «le livre blanc». Ils ont tous félicité le concept du rapport qui est, pour eux, «un point fort auquel le Maroc devrait avoir de plus en plus recours». Ce rapport qui représente une «valeur ajoutée pour les différentes voies qu’il ouvrira pour réformer un système médiatique dérisoire et difficile à réformer», a estimé Yahya El Yahyaoui, chercheur dans le domaine de l’information et de la communication.

D’après lui, «il s’agit d’une présentation assez importante des chercheurs et professionnels dans le domaine de l’information, ainsi qu’un bon assemblage des données qui y sont liées». Le rapport a aussi porté sur la crise «intraitable» que connaît le secteur des médias et en a fait «un excellent bilan, notamment en ce qui concerne les différentes formes de sa manifestation», a précisé El Maâti Mounjib, chercheur dans l’histoire contemporaine et président du Centre Ibn Rochd des études et de la communication. Parmi les formes de la crise figurent «l’aspect juridique, qui nuit aux entreprises médiatiques et aux journalistes qui défendent leur indépendance, le comportement administratif du ministère de l’Intérieur et de ses fonctionnaires vis-à-vis des droits des journalistes et l’atteinte de ces derniers à l’éthique de la profession, à la vérité et à l’information en ayant, le plus souvent, recours à la rumeur», d’après le constat fait par ce chercheur.

Le rapport a été globalement bien accueilli. Mais malgré les côtés positifs relevés par les conférenciers, il n’a pas échappé à leurs critiques, à cause de ses différentes insuffisances. «Le rapport n’a pas pu mettre le point sur tout ce qui a été transgressé», a souligné Ali Karimi, chercheur dans le domaine et président du Centre des études et recherches des droits de l’Homme et de l’information. «Nous avons besoin d’un nouveau cadre réglementaire afin de rectifier les maladresses juridiques qui ont été commises», a-t-il ajouté.

Quant à El Yahyaoui, il a salué fortement ce point et a insisté sur le fait qu’un rapport devait être «déterminé, exact et basé sur la précision des personnes concernées et l’application des suggestions». Sur le volet de recommandations, El Yahyaoui  a avoué, sans hésitation, que «le rapport a manqué son but», avant d’ajouter qu’il «serait plus rationnel et fructueux de placer une dizaine de recommandations concrètes et dont le délai de mise en œuvre est déterminé, qu’une centaine vagues et abstraites». Toujours dans le même sens, Aziz Coukass, rédacteur en chef d’«Al Michaâl», a indiqué que les recommandations ont eu «un caractère très littéraire, parce qu’elles n’ont pas été préparées par des spécialistes en la matière». L’autre point faible du rapport concerne la participation des partis politiques qui ne satisfait pas beaucoup les intervenants.

Une participation «faible», comme l’a qualifié Aziz Coukass, en expliquant que «seulement neuf partis politiques ont répondu présents et donné leurs mémoires à l’instance chargée du rapport».

Il est à rappeler que ce livre blanc est venu couronner les séances du dialogue national «médias et société», tenues entre janvier 2010 et fin avril 2011. Les recommandations qui y ont été formulées ont établi un diagnostic sur l’état du secteur médiatique, couvrant différents aspects, dont le code de la presse, les médias publics, les entreprises de presse, la déontologie, la publicité, l’instance de gouvernance, la formation et la formation continue, les subventions de l’État, les nouvelles technologies et l’internet.

Le développement du champ médiatique

Cette conférence s’inscrit dans le cadre des «rencontres autour des questions médiatiques» organisées par l’OLIE (Organisation des libertés de l’information et de l’expression), autour du thème «Pour un code de l’information et de la communication garant de la liberté et du pluralisme», avec la participation des représentants, des chercheurs et des professionnels du domaine médiatique. Objectif : enrichir la discussion autour des grandes questions et des problématiques que connaît le champ médiatique marocain et réfléchir aux différents moyens de le développer en tant que voie pour la démocratie. Dans le même contexte, et à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’OLIE organisera un colloque sur «le dialogue national médias-société, quel bilan et quels mécanismes pour le suivi et l’exécution ?» et un sit-in devant le Parlement le mois prochain.

Repères

  • Une rencontre dédiée à la lecture du livre blanc sur les médias et la société.
  • Une valeur ajoutée au champ médiatique national.
  • Les recommandations et la participation des partis politiques sont le maillon faible de ce rapport.

LE MATIN, 20 Avril 2012 - Salma Raiss El Fenni

 

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