Alkanatri. A, Mémoire, Université de Québec à Montréal, Septembre 2012, 131 p.
Souvent alimenté par des jeunes adultes se portant garant d’un meilleur avenir, «les révolutions récentes dans les pays arabes ont toutes visé l’effondrement d’un système politique que ces jeunes adultes percevaient comme corrompu et néfaste pour les citoyens et souvent soutenue artificiellement par les intérêts de pays étrangers».
Ce sont ces jeunes adultes qui éprouvent, affirme l’auteur, «des difficultés dans leur sort économique souvent imposé par un régime dictatorial qui ne se préoccupe pas des besoins réels de la population».
La technologie internet en vigueur aujourd’hui leur a accordé un pouvoir nouveau leur permettant de se mobiliser et de s’organiser comme jamais auparavant.
En effet, le fait que les logiciels «Twitter» et «Facebook», entre autres, soient accessibles sur un ensemble d’appareils disponibles à la population a joué un rôle très important à «faire diminuer le niveau d’incertitude que les masses puissent avoir sur l’avancement de leur cause révolutionnaire».
Ce qui s’est passé s’assimilait il à une révolution ? s’interroge l’auteur.
Et de répondre que la définition la plus conventionnelle désigne une révolution comme «le renversement soudain et souvent violent d’un régime politique par un mouvement populaire ayant pour conséquence une transformation profonde des institutions, de la société et de ses valeurs».
Samuel Huntington définit les «Grandes Révolutions» comme un changement rapide, complet et violent des valeurs, de la structure sociale, des institutions politiques, des pratiques gouvernementales et du leadership sociopolitique.
Autrement :
+ La révolution doit apporter les sens d’un changement radical, profond, soudain, imprévisible et populaire.
+ Le changement radical, pour être une révolution, n’implique pas toujours des moyens radicaux si bien que la violence n’est pas toujours une caractéristique de la révolution.
+ La rapidité n’est pas toujours une condition de la révolution, même elle est nécessaire pour atteindre un changement soudain et imprévisible.
+ La popularité pas le leadership est la caractéristique principale de chaque révolution.
+ la révolution peut être complète ou partielle. Par exemple, «nous pouvons dire : révolution politique, sociale, économique, idéologique, technologique, intellectuelle ou même éthique».
Baudoin Dupret voit que l’utilisation du terme de «révolution» est un abus de langage «car il n’est pas adéquat quand nous n’observons pas de chamboulement complet des sociétés et quand nous parlons de changement dans la continuité». Il préfère d’utiliser le terme «révolte» pour décrire les mouvements au monde arabe.
Il voit aussi que «le potentiel de changement n’est pas révolutionnaire, mais orienté vers une réforme interne de l’établissement» et que les structures fondamentales des pays comme la Tunisie et l’Egypte n’ont pas été bouleversées».
Tariq Ramadan choisit le terme «soulèvement», qui se trouve entre la révolution et la révolte. Le soulèvement devient une révolution, dit il, «s’il atteint ses objectifs».
Il considère que le moment est historique, comme le sont les perspectives de sortir de l’époque des dictatures et aussi que ces soulèvements ne sont pas encore des révolutions.
Il y a peut être une révolution politique, note l’auteur, qui signifierait que les régimes politiques en Égypte, Tunisie, Libye et Yémen sont passés d’un régime despote non démocratique, basé sur un seul parti politique ou sur une seule personne, à un régime démocratique basé sur la pluralité des partis, bien que certains fondements de ce changement politique ne se soient pas encore réalisés.
Cependant, nous n’avons pas réalisé un tel changement radical des systèmes économiques, sociaux ou culturels. C’est-à-dire «qu’il y a des révolutions politiques dans les quatre pays où le régime est parti, mais il est encore trop tôt de parler d’une révolution complète».
Rubrique « Lu Pour Vous »
Rabat, 20 novembre 2014